HYBRIDATION
Par son étymologie (en latin hybrida signifie « sang mêlé »), le terme « hybridation » évoque une fécondation qui ne suit pas les lois naturelles : c'est le fait de croiser deux espèces ou deux genres différents, pour provoquer la naissance de spécimens réunissant, à un degré plus ou moins marqué, des caractères spécifiques des deux parents. Si l'hybridation intergénérique est assez rare dans la nature (le mulet, produit du croisement de l'âne et de la jument, en est l'exemple classique), l'hybridation interspécifique est beaucoup plus fréquente, en particulier dans le règne végétal : les flores sont riches en exemples d'hybrides entre espèces apparentées.
Le caractère relativement exceptionnel de l'hybridation s'explique par la dissemblance existant entre les génomes, c'est-à-dire le nombre et la structure des chromosomes : l'hybridation implique donc une homologie suffisante entre ceux-ci pour permettre leur coexistence au sein d'une même cellule.
Si cette condition est réalisée, une information génétique composite peut alors s'exprimer, apparaissant comme une transfusion des potentialités héréditaires du génome d'une espèce dans celui d'une autre espèce : on dit alors qu'il y a eu introgression. Ce phénomène a pu tenir une place considérable dans la diversification des formes végétales et animales au cours de l'évolution.
Dans la pratique, le terme d'hybridation s'applique à une opération de croisement, dans le but d'exploiter certaines qualités appartenant à des espèces, des races, ou même, dans une acception plus large, à des variétés ou à des individus différents. Les partenaires seront donc sélectionnés pour un ou plusieurs caractères particuliers intéressants, mais aussi pour la bonne aptitude de leurs génomes à se combiner. Généralement, l'hybride qui en résulte manifeste une vigueur exceptionnelle que l'on appelle hétérosis.
L'hybridation a atteint un très haut niveau de technicité et de précision visant à l' amélioration des espèces animales et végétales. Elle a historiquement précédé la découverte de la génétique. Mais les progrès fantastiques de cette science permettent de modifier les phénomènes qui découlent de l'hybridation au niveau cellulaire ou moléculaire, avec l'hybridation somatique obtenue par fusion soit de protoplasmes végétaux, soit de cellules embryonnaires animales cultivées in vitro (chap. 2). Enfin, elle existe spontanément ou non au niveau tissulaire (chap. 3).
Particularités physiques des hybrides
L'hétérosis
Lorsqu'un taux élevé de consanguinité entraîne une trop grande homozygotie des descendances, les individus sont généralement chétifs, présentent des tares et même, dans certains cas, deviennent inviables. Par contre, dans la plupart des hybridations où les parents appartiennent à une même espèce, mais sont issus de groupes d'origine écologique différente, les descendants manifestent une remarquable vigueur hybride (hétérosis). Si l'on accroît encore la différence entre les parents, en les choisissant dans deux espèces proches, la situation devient plus nuancée : dans la plupart des cas subsiste une vigueur hybride, mais parfois les stocks génétiques mis en présence sont trop éloignés et le résultat du croisement est alors létal ou déséquilibré : l'hybride poule-dindon, par exemple, meurt pendant l'incubation ; chez les végétaux, l'hybride entre deux lins, Linum perenne et Linum austriacum, ne réalise que les premières phases embryonnaires. Lors de l'hybridation, tout se passe donc comme si la réalisation du potentiel héréditaire atteignait son optimum lorsque les combinaisons génétiques présentent un niveau précis de diversité.
Cet optimum se manifeste par un meilleur rendement métabolique[...]
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Écrit par
- Georges BARSKI : directeur de recherche au C.N.R.S., chef du Laboratoire de virologie et de culture de tissus à l'Institut Gustave- Roussy, Villejuif
- Yves DEMARLY : professeur universitaire, directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique
- Simone GILGENKRANTZ : professeur émérite de génétique humaine, C.H.U. de Nancy
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