HYBRIDATION
L'hybridation somatique
Il est certain que l'hybridation cellulaire telle qu'elle a été obtenue pour la première fois en 1960 par Georges Barski, Serge Sorieul et Francine Cornefert à l'Institut Gustave-Roussy de Villejuif s'opère en plusieurs étapes : d'abord fusion entre cellules au niveau de leurs cytoplasmes, avec formation de polycaryocytes englobant des noyaux provenant de cellules différentes, puis intégration de deux, parfois trois génomes en une seule unité nucléaire capable de se reproduire en tant que telle, et conduisant par une succession de mitoses vers un équilibrage donnant un nouveau clone cellulaire hybride.
La fusion cytoplasmique
La fusion cytoplasmique spontanée est un phénomène relativement rare dans les conditions physiologiques. Elle est, toutefois, observée assez fréquemment dans des populations cellulaires soumises à l'action de certains virus. Le chercheur japonais Okada a démontré, en 1961, que la propriété fusionnante des virus appartenant à la famille des myxovirus, le virus HVJ ou Sendaï notamment, est maintenue même après leur inactivation par irradiation aux ultraviolets, qui leur enlève l'infectivité. Okada a ainsi trouvé le moyen d'intensifier artificiellement par virus les fusions cytoplasmiques tout en évitant la propagation dudit virus dans les cultures cellulaires ainsi traitées. Ce procédé est, actuellement, largement employé en vue de l'obtention d'hybrides par association de cellules non seulement de la même espèce, mais aussi d'espèces différentes. Okada et Murayama (1965), ainsi que Harris, Watkins et leurs associés (1965), ont démontré que, dans les hétéropolycaryocytes obtenus par la fusion de cellules aussi différentes, par leur nature et leur espèce d'origine, que celles d'un carcinome humain, d'une tumeur ascitique de souris, des macrophages de lapin ou des globules rouges de poulet, les noyaux non seulement manifestent leur activité synthétique propre, mais montrent un réveil de cette synthèse, visiblement sous l'effet du partenaire nucléaire actif.
Il est à remarquer que la plupart des polycaryocytes formés sous l'effet de virus, surtout s'ils contiennent de très nombreux noyaux – ce qui est souvent le cas –, constituent des unités biologiques éphémères, non viables à la longue, et n'évoluent pas vers la formation d'hybrides nucléaires vrais capables de se reproduire. Néanmoins, leur étude fournit des renseignements précieux sur les relations nucléocytoplasmiques et les mécanismes impliqués dans l'expression des fonctions essentielles de la cellule.
Des efforts importants ont donc été déployés dans le but de trouver des facteurs chimiques agissant sur les membranes cellulaires et favorisant leur fusion qui soient mieux définis, plus faciles à contrôler et à doser que ne le sont les préparations virales.
L'assemblage chromosomique
En fait, les hybrides cellulaires qui réussissent à la longue une coordination et une synchronisation satisfaisantes de leurs deux génomes unifiés ne sont pas les seuls possibles. Ils représentent un choix de cas favorables. Il a été, en effet, démontré que seule une proportion relativement faible de cellules fusionnées au niveau de leur cytoplasme aboutit au stade d'une mitose mixte productive, conduisant vers une lignée cellulaire hybride génétiquement équilibrée. D'ailleurs, cet équilibre est souvent atteint seulement après la perte d'un certain nombre de chromosomes de l'un ou de l'autre partenaire cellulaire.
Un autre exemple de ségrégation chromosomique extrême est fourni par le croisement entre cellules de souris et de hamster chinois : dans plusieurs cas d'une telle association, Barski et ses collaborateurs (1972) ont obtenu des cellules hybrides représentant un « triplet » composé approximativement de deux garnitures[...]
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Écrit par
- Georges BARSKI : directeur de recherche au C.N.R.S., chef du Laboratoire de virologie et de culture de tissus à l'Institut Gustave- Roussy, Villejuif
- Yves DEMARLY : professeur universitaire, directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique
- Simone GILGENKRANTZ : professeur émérite de génétique humaine, C.H.U. de Nancy
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