Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HYDRAULE

Instrument construit par l'hydraulicien grec Ctésibios d'Alexandrie (~ iiie s.). L'hydraule, le premier type d'orgue, est décrit par l'ingénieur Héron l'Ancien (Héron d'Alexandrie, ier s., in Pneumatiques), par Vitruve (Xe livre du De architectura), par Philon, par Athénée de Naucratis (ii-iiie s., in Le Banquet des sophistes) et par Pline l'Ancien (Histoire naturelle). L'instrument mesure environ deux mètres de haut sur un mètre de large. Il comprend schématiquement un sommier qui supporte un ou plusieurs rangs de tuyaux d'airain (jeux d'anches, jeux à bouche ouverts ou fermés) et qui reçoit de l'air comprimé par la pression de l'eau (hydor) ; l'eau est le régulateur du réservoir d'air, d'où le nom d'orgue hydraulique donné à l'instrument. La soufflerie comporte les pompes aspirante et foulante et le compresseur. Les souffleurs manœuvrent un ou deux soufflets par un ou deux leviers disposés à droite et/ou à gauche de l'instrument. Un système de robinets dirige le vent du sommier jusqu'à telle ou telle rangée de tuyaux. La touche du clavier actionne une réglette (plus tard, le sommier à registre) percée d'autant de trous qu'il y a de jeux. On connaît des orgues hydrauliques comptant huit jeux, dont les tuyaux sont alignés dégressivement comme ceux d'une flûte de Pan diatonique (jusqu'aux deux octaves du « grand système parfait disjoint »). Quand la progression est chromatique, on peut jouer dans toutes les harmonies et leurs transpositions. L'organiste est debout, juché sur un tabouret. L'hydraule fut fort répandue dans le monde gréco-romain, et jusqu'au ixe siècle. Elle sonne dans les concerts publics, les jeux du cirque, au théâtre, dans les réceptions officielles des empereurs, les funérailles. Les riches particuliers en possèdent. On en a retrouvé plusieurs spécimens (comme celui découvert à Aquincum en Hongrie, datant de 228). Mais les figurations sont nombreuses. En France, on peut citer celle qui orne le bas-relief d'un sarcophage chrétien du ive siècle (crypte de la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume). L'orgue devint pneumatique quand un facteur inconnu eut l'idée, vers le troisième siècle, de remplacer les deux corps de pompe par deux soufflets.

— Pierre-Paul LACAS

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Autres références

  • ORGUE, en bref

    • Écrit par
    • 1 012 mots
    • 11 médias
    La tradition attribue l'invention de l'orgue à un ingénieur grec, Ctésibios, actif à Alexandrie en 270 avant J.-C. Cet instrument, qui porte alors le nom d'hydraule – sa soufflerie était hydraulique –, va se répandre dans le monde romain puis dans toute l'Europe occidentale. Vers le ...
  • ORGUE

    • Écrit par
    • 9 721 mots
    • 14 médias

    Premier en date des instruments mécanisés, l'orgue est une machine qui suit, au cours d'une histoire de vingt-trois siècles, le progrès des techniques en matière de soufflerie, d'acoustique, de transmission de mouvements, d'électricité, d'électronique, d'informatique. Cette mécanisation entraîne une...