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HYDROGRAPHIE

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Dans son sens le plus large et le plus courant, le mot « hydrographie » désigne la description des eaux à la surface du globe terrestre, qu'il s'agisse d'eaux marines ou d'eaux continentales. Mais, depuis le milieu du xxe siècle, les sciences de l'eau se sont diversifiées en fonction de la nature et du mode d'approche de leur objet : l'océanographie et l'océanologie (terme dont la création se situe au début des années soixante-dix) s'intéressent aux océans et aux mers ; l'hydrographie et l'hydrologie se limitent au domaine des eaux continentales.

L'hydrographie considérée dans sa dernière acception se propose de décrire et d'expliquer les caractéristiques des organismes définis par les eaux continentales, stagnantes ou courantes. On examinera ici ceux que développent les ruissellements et les écoulements, en laissant de côté le cas des dépressions fermées, ennoyées en permanence ou temporairement : lacs, lagunes, dépressions des régions karstiques et arides (cf. karst, lacs).

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De tels organismes hydrographiques correspondent à une activité de transport des eaux courantes, qui assure l'évacuation des précipitations et d'une charge solide vers un niveau de base déterminé. Quand il s'agit de mers, le drainage est dit exoréique ; il est endoréique lorsqu'il concerne une dépression fermée.

Les phénomènes de ruissellement et d'écoulement engendrent des types d'organismes hydrographiques élémentaires différents, selon les conditions géologiques, topographiques et bioclimatiques qui les contrôlent. Leur aménagement tend à être tel que leur fonction d'évacuation soit assurée le mieux possible. Certains d'entre eux se groupent en réseaux hydrographiques aux caractéristiques variées. Tous tendent à adopter un profil d'équilibre en rapport avec les conditions qui président à leur développement.

Les types d'organismes hydrographiques élémentaires

On distingue couramment deux types d'organismes hydrographiques élémentaires : les organismes linéaires et les organismes diffus.

Les organismes linéaires

Lit fluvial - crédits : Encyclopædia Universalis France

Lit fluvial

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Strictement localisés selon un tracé défini, les organismes linéaires correspondent à des écoulements pérennes, fleuves et rivières des domaines tempéré et tropical humide, ou aux oueds des régions arides, dont l'activité ne se manifeste qu'au cours de crues plus ou moins espacées. Dans tous les cas, ils s'expriment dans le paysage par un lit.

Le lit fluvial se situe dans la partie la plus creuse de la vallée, forme de relief typique des régions tempérées. Son profil transversal comporte un lit mineur délimité par des berges abruptes ; son fond est accidenté par des seuils et par des mouilles. Un chenal y concentre l'écoulement pendant la période des basses eaux. Ses points bas déterminent le talweg.

Les crues et le lit majeur des rivières - crédits : VMGROUP

Les crues et le lit majeur des rivières

Au-delà des berges, souvent soulignées par des bourrelets de rive, ou levées naturelles, construits lors des débordements, se développe le lit majeur, régulièrement inondé par les crues ordinaires. Contrairement au lit mineur, généralement dénudé, il localise des arbres tolérant une submersion temporaire (saules, aulnes, etc.). À ce lit majeur périodique fait suite, sans solution de continuité, un lit majeur épisodique, fonctionnel seulement lors des crues exceptionnelles. Son paysage est peu dissemblable de celui des champs voisins.

Des variantes résultent de différences dans les régimes des fleuves. Par exemple, l'extension considérable du lit majeur des grands fleuves tropicaux est une adaptation aux énormes inondations de l'hivernage. Il existe également une certaine atténuation de la différenciation en lits majeur et mineur dans le cas des rivières méditerranéennes essentiellement actives pendant les crues.

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Écoulement linéaire intermittent, l' oued présente aussi un lit bien délimité par des berges abruptes. Mais le profil transversal n'est plus différencié. L'absence totale d'activité pendant plusieurs mois, sinon plusieurs années, supprime le lit mineur. Le lit de l'oued, fonctionnel uniquement en temps de crue, équivaut au lit majeur de la rivière. Son fond, largement développé, apparaît modelé en seuils et en mouilles entre un lacis de chenaux sinueux et anastomosés d'importance variable. Vers l'aval, l'atténuation progressive des berges peut aller jusqu'à leur effacement total, qui marque le passage à une zone d'épandage déjà caractéristique des écoulements diffus.

Les organismes diffus

On parle d'organisme diffus lorsque l'absence de concentration de l'écoulement se réalise dès son origine. C'est le cas des crues qui se développent dans les piémonts de certaines régions arides, sous la forme de filets d'eau instables (rillwash), de nappes d'eau pelliculaires (sheetwash) ou, très exceptionnellement, épaisses de quelques décimètres et turbulentes (sheetflood). Les deux premiers types caractérisent également les écoulements proglaciaires des hautes latitudes, au moment de la fonte saisonnière des glaciers et des névés.

Tous ces écoulements s'inscrivent dans les piémonts selon des systèmes complexes de chenaux, plus ou moins incisés, sinueux et anastomosés, réalisant un filet aux mailles étirées vers l'aval. À l'occasion, ils peuvent diverger depuis les gorges d'où débouchent les crues des oueds montagnards.

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Dans ce cas, les notions de vallée, d'interfluve et de lit perdent toute signification. Le piémont devient, dans sa totalité, un vaste organisme hydrographique, adapté à l'évacuation intermittente de masses d'eau et de matériaux parfois considérables, déversées par les crues issues de montagnes servant d'« impluvium ».

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Écrit par

  • : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Médias

Lit fluvial - crédits : Encyclopædia Universalis France

Lit fluvial

Les crues et le lit majeur des rivières - crédits : VMGROUP

Les crues et le lit majeur des rivières

Cluse : formation par surimpression et antécédence - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cluse : formation par surimpression et antécédence

Autres références

  • BASSIN SÉDIMENTAIRE

    • Écrit par
    • 4 706 mots
    • 6 médias
    Dans son détail, le tracé des cuestas dépend du type de dissection causé par le réseauhydrographique. Certains éléments orientés dans le sens du pendage général y déterminent des sortes d'entonnoirs de percées cataclinales. Leur succession à peu de distance les uns des autres engendre un tracé...
  • DINARIDES

    • Écrit par
    • 5 729 mots
    • 1 média
    Le réseau hydrographique se divise en trois parties :
  • TOPOGRAPHIE

    • Écrit par
    • 5 251 mots
    • 10 médias
    – l'hydrographie, comprenant des surfaces d'eau (mers, lacs, étangs, etc.), des lignes de l'hydrographie naturelle (fleuves, rivières, ruisseaux) ou de l'hydrographie résultant de l'intervention de l'homme (canaux, fossés d'écoulement, de drainage), des détails « ponctuels » (sources, puits, etc.)...

Voir aussi