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HYDROLOGIE URBAINE

3 octobre 1988 : les écrans de télévision montrent Nîmes ravagée par les eaux. Une ville meurtrie, des dégâts considérables à la suite d'un violent orage. Des images que l'on dirait venir d'une autre région du monde. Le moment de stupeur passé, on invoque le caractère « exceptionnel » des précipitations. On parle de « catastrophe naturelle ».

En réalité, si l'orage qui s'est abattu sur Nîmes et sa région était important (avec des maximums locaux ayant dépassé 400 mm en 7 heures), il reste loin des records mondiaux connus. Des événements comparables sont d'ailleurs relativement fréquents en climat méditerranéen : Barcelone en 1988, Narbonne et Palma de Majorque en 1989, Château-Neuf-du-Pape en 1991, Narbonne et Vaison-la-Romaine en 1992, Biescas (Espagne) en 1996, l'Aude, le Tarn et les Pyrénées-Orientales en 1999, ou Marseille en 2000, pour ne citer que les plus récents. Leur extension dans l'espace est cependant limitée (de l'ordre de quelques dizaines à quelques centaines de kilomètres carrés) et ils frappent bien souvent des zones non urbanisées.

L'augmentation apparente de ces événements au cours des années 1990 a pu être attribuée aux conséquences locales de « changements climatiques » qui font désormais l'objet de nombreuses recherches. L'extension non réfléchie de l'urbanisation dans des secteurs à risque d'inondation pluviale, depuis les années 1970, est, probablement, une cause tout aussi plausible de la multiplication des sinistres constatée aujourd'hui. Ainsi, dans le cas de Nîmes, l'examen des archives de la ville a révélé que cette dernière avait déjà subi de graves inondations. Le célèbre astrologue provençal Nostradamus aurait d'ailleurs prédit la destruction de la cité par les eaux (Centuries astrologiques, 1555). Certains sites sont ainsi plus favorables à la formation et à la concentration des ruissellements pluviaux. Leur urbanisation, si l'on n'y prend garde, peut donc engendrer des risques de dommages plus ou moins graves selon, notamment, les conditions climatiques.

La mémoire des événements passés a cependant souvent fait défaut aux « faiseurs de villes » d'aujourd'hui, et, changements climatiques ou pas, les sinistres potentiels sont d'ores et déjà légion dans les pays industrialisés, et en cours de multiplication dans les pays en développement qui connaissent des croissances urbaines jamais atteintes dans les premiers nommés. La prévention de tels sinistres passe par l'étude des relations entre le cycle naturel de l'eau et l'aménagement urbain de l'espace. C'est l'un des sujets d'étude de l'hydrologie urbaine, une discipline scientifique et technique qui a connu d'importants développements depuis les années 1970.

L'hydrologie urbaine : émergence et objectifs

Dans les années 1950, les pays industrialisés connaissent une croissance rapide de l'urbanisation. En France, par exemple, la population urbaine passe de 23 à 35 millions d'habitants entre 1950 et 1970. L'urbanisation s'étend très vite et, avec elle, se développent les voies de communication, modifiant considérablement les caractéristiques hydrologiques des secteurs ainsi urbanisés.

À cette époque, l'assainissement pluvial des agglomérations est gouverné par des normes anciennes, fondées sur une évacuation souterraine rapide des eaux vers les milieux récepteurs les plus proches : il s'agit, en outre, d'une technique d'infrastructure, peu valorisante, et relevant essentiellement du génie civil.

Vers la fin des années 1960, de nombreux retards d'équipement, mais aussi l'absence de prospective en matière d'hydrologie dans l'aménagement des secteurs urbanisés, sont à l'origine de nuisances multiples, au nombre desquelles un accroissement[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, directeur de l'Institut des sciences de l'ingénieur de Montpellier, université de Montpellier 2

Classification

Médias

Cycle de l'eau en milieu urbain - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cycle de l'eau en milieu urbain

Pollution des eaux pluviales urbaines - crédits : Encyclopædia Universalis France

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