HYPERTENSION
Mécanismes de l'hypertension
L'hypertension artérielle, c'est-à-dire une augmentation globale de la probabilité de pontage de la myosine et de l'actine musculaire lisse artériolaire, se caractérise soit par une diminution du tonus relaxant, soit par une augmentation du tonus contractant. Ces variations peuvent être en rapport soit avec un excès ou une carence de facteurs extracellulaires contrôlant ces voies de signalisation, soit avec un défaut primaire de signalisation intracellulaire. Dans l'hypertension humaine et expérimentale, les excès de la voie de la contraction sont mieux connus que les défauts de la voie de la relaxation.
Parmi les excès de facteurs extracellulaires augmentant de façon diffuse le tonus contractile des cellules musculaires lisses, on peut individualiser les hypertensions artérielles secondaires à des excès de production d'angiotensine II et de catécholamines ou à des déséquilibres ioniques par excès de rétention sodée.
L'exemple d'excès d'angiotensine II est celui de l'hypertension rénovasculaire ou des tumeurs à rénine, dans lesquelles un excès de production de rénine par ischémie du rein ou par production autonome au niveau de la tumeur conduit à une augmentation du tonus contractile. La démonstration du rôle physiologique essentiel joué par le système rénine angiotensine mettant en scène le foie et le rein dans le renforcement du tonus vasculaire a culminé (fig. 2) avec l’isolement de l’ enzyme de conversion (EC) qui transforme l’angiotensine I (résultant de la modification de l’ angiotensinogène hépatique par la rénine) en angiotensine II vasoconstrictrice. La mise au point d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) a été un tournant dans la thérapeutique antihypertensive.
L'exemple d'excès de catécholamines est celui que réalise une tumeur de la surrénale, le phéochromocytome, dans lequel un excès de production autonome, par la partie médullaire de cette glande, d'amines vasopressives – qui stimulent les récepteurs α1-adrénergiques vasculaires – conduit à une augmentation des résistances périphériques.
L'exemple d'hypertension artérielle secondaire à un déséquilibre ionique est celui d'un autre dysfonctionnement surrénalien, l'hyperaldostéronisme primaire, dans lequel l'excès d'aldostérone conduit à une rétention sodée et à une perte en potassium. Ce déséquilibre ionique va augmenter la probabilité d'ouverture des canaux calciques de chaque cellule musculaire lisse et, consécutivement, le tonus contractile artériolaire.
Les hypertensions primaires pourraient être aussi en rapport avec un excès de facteurs extracellulaires vasoconstricteurs : excès de précurseur de l'angiotensine II (angiotensinogène), excès de tonus catécholaminergique, défaut primaire d'élimination du sel par le rein... mais également en rapport avec une anomalie primaire de la signalisation (fig. 3) intracellulaire conduisant à plus de contraction pour le même taux de facteurs extracellulaires. Il existe un modèle expérimental murin, le rat spontanément hypertendu (SHR) chez lequel les cellules musculaires lisses en culture ont des propriétés de signalisation différenciées de celles de la souche témoin normotendue, alors même que les facteurs extracellulaires sont comparables : sel, angiotensine, catécholamine. Des données analogues peuvent exister chez l'homme.
De même, expérimentalement, le blocage chronique et diffus de la production de monoxyde d'azote est associé à une hypertension artérielle systémique proportionnelle à l'intensité du blocage. Ce dernier s'accompagne d'une forte diminution du taux intracellulaire de GMPc, et est associé donc à un défaut diffus de tonus relaxant la cellule musculaire lisse.
Dans le système vasculaire, l'endothélium[...]
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Écrit par
- Xavier JEUNEMAITRE : praticien hospitalier à l'hôpital Broussais, maître de conférences à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
- Jacques JULIEN : ancien chef de clinique, assistant des Hôpitaux
- Jean-Baptiste MICHEL : docteur en médecine, docteur ès sciences, directeur de recherche
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