HYPERTENSION
Composantes génétiques
Comme nous l'avons vu, la régulation de la pression artérielle (PA) obéit à des interactions physiologiques complexes. Cela n'a pas permis jusqu'à présent de repérer lequel des mécanismes de régulation de la PA est en général assez défectueux pour déterminer une hypertension artérielle dans la population adulte tout venant, car, bien que de nombreuses anomalies biologiques aient été décrites chez les hypertendus, on ignore si ces anomalies sont causales ou bien secondaires à l'élévation de la PA. La recherche de facteurs génétiques prédisposant à l'hypertension artérielle est une tentative pour sortir de cette impasse.
De nombreuses études de populations ont montré que le niveau de PA d'un individu est en partie héritable. L'agrégation familiale de la PA est un phénomène général qui concerne tous les niveaux de pression artérielle : quel que soit le statut tensionnel d'un sujet (PA basse, normale ou élevée), les pressions artérielles relevées chez les apparentés seront plus ressemblantes que ne le voudrait le hasard. En moyenne, les corrélations obtenues sont de l'ordre de 0,15 entre parents, de 0,25 entre parents biologiques et leurs enfants. Ce ne sont pas des niveaux de corrélations très forts, mais ils sont très significatifs quand ils sont mesurés sur plusieurs dizaines de familles. Par ailleurs, la PA est plus ressemblante entre époux que ne le voudrait le hasard. Les familles partagent en effet non seulement un patrimoine génétique, mais aussi un environnement commun. L'analyse du rôle des conditions familiales particulières – étude de jumeaux, de familles avec enfants adoptés – a permis d'analyser les parts respectives des gènes et de l'environnement sur le trait quantitatif qu'est la pression artérielle.
Les méthodes
Les études de jumeaux partent du principe qu'il existe une différence de moitié du patrimoine génétique entre jumeaux dizygotes (DZ) et une complète identité génétique entre jumeaux monozygotes (MZ). S'il existe un environnement commun pour les jumeaux étudiés, les différences de corrélation observées entre MZ et DZ sont essentiellement liées à un effet génétique. On note une corrélation très élevée de la PA chez les MZ (de 0,60 à 0,80). Elle est très significativement supérieure à celle observée chez les jumeaux DZ (de 0,30 à 0,50), ce qui suggère une composante génétique élevée (de 50 à 60 p. 100) dans la variance de la PA.
L'étude de familles dans lesquelles cohabitent des enfants naturels et adoptés permet de comparer les relations entre membres apparentés ou non, partant du principe qu'ils sont tous exposés au même environnement familial. Une étude exemplaire a été faite sur plus de six cents familles canadiennes d'origine française ; l'analyse de trois types de structure familiale a été possible : familles avec uniquement des enfants adoptés, avec enfants adoptés et naturels, avec uniquement enfants naturels. Les corrélations entre parents et enfants naturels ou entre enfants naturels entre eux y étaient approximativement le double de celles impliquant des enfants adoptés. Une analyse très détaillée de tous les cofacteurs qui pourraient modifier le niveau de PA dans ces familles a suggéré que la composante génétique de la PA décroît beaucoup chez les adultes (15 p. 100). L'hypertension artérielle (HTA) du sujet âgé n'est probablement que très peu d'ordre génétique, mais beaucoup plus la conséquence de facteurs environnementaux accumulés tout au long des années.
Existe-t-il une fraction de la population dont la PA serait nettement décalée vers le haut et qui pourrait répondre à une maladie génétique classique commune à transmission mendélienne ? C'est l'hypothèse que fit un médecin britannique, Robert Platt, dans les années 1960, allant même[...]
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Écrit par
- Xavier JEUNEMAITRE : praticien hospitalier à l'hôpital Broussais, maître de conférences à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
- Jacques JULIEN : ancien chef de clinique, assistant des Hôpitaux
- Jean-Baptiste MICHEL : docteur en médecine, docteur ès sciences, directeur de recherche
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