Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HYPNOSE

Les théories en présence

Les théories sur l'hypnose se répartissent en trois tendances, inspirées respectivement par la physiologie, la psychologie expérimentale et la psychanalyse.

Les théories physiologiques sont centrées sur les rapports entre le sommeil et l'hypnose considérée par les pavloviens comme un sommeil partiel. Dans le sommeil normal, l'écorce cérébrale est inhibée, mais cette inhibition laisse pourtant subsister des « points vigiles » qui permettent une communication élective avec l'extérieur ; ainsi une mère profondément endormie, qui ne réagit pas à des bruits intenses, peut être réveillée par les faibles pleurs de son enfant. Dans l'hypnose, il se crée artificiellement des « points vigiles » qui rendent possible la communication entre le sujet et l'opérateur. Cet état de sommeil partiel, intermédiaire entre le sommeil et la veille, comporte des phases hypnoïdes, ou phases de suggestion, pendant lesquelles diverses modifications physiologiques, impossibles dans l'état de veille, peuvent se produire. Pour les pavloviens l'existence des « points vigiles » est confirmée par l'expérimentation en physiologie animale : un chien conditionné à un son de trompette accompagnant l'apparition de la nourriture se réveille seulement à ce son et demeure insensible aux autres bruits, même plus intenses.

Mais il paraît difficile de transposer à l'homme les résultats d'expériences faites sur ces animaux ; en effet, le langage, comme l'admet Pavlov lui-même, ne saurait être assimilé à un stimulus physique. D'autre part, l'assimilation de l'hypnose au sommeil n'a pu être confirmée par des tracés électro-encéphalographiques. Dans les années 1970 en URSS, le nombre de partisans de cette théorie a nettement diminué.

L'absence de signes physiques dans l'hypnose a fait abandonner la théorie somatique de Charcot au profit de celle de Bernheim, d'après laquelle tout est suggestion. Partant de ce point de vue, les psychologues expérimentaux, notamment C. L. Hull aux États-Unis vers 1930, se sont attachés à étudier la suggestibilité qui, pour l'essentiel, serait une forme d'« apprentissage » ; l'hypnose allait perdre en quelque sorte sa spécificité. Mais, par la suite, ces chercheurs se sont trouvés obligés d'admettre que la suggestibilité ne doit pas être confondue avec l'hypnose qu'elle accompagne selon des doses variables. D'innombrables travaux sont en cours aux États-Unis pour trouver des signes spécifiques du comportement des sujets hypnotisés. En éliminant, suivant Orne, les « artefacts » qui seraient le produit des influences socio-culturelles d'une époque et des éléments communiqués consciemment ou inconsciemment par l'hypnotiseur, on devrait arriver à cerner l'« essence » même de l'hypnose.

L'aptitude d'un sujet à être hypnotisé est un problème qui préoccupe spécialement les psychologues expérimentaux. On distingue en gros trois stades dans la transe hypnotique : transe légère, moyenne et profonde. Il existe relativement peu de sujets (environ 1 % de la population) qui soient capables d'entrer en transe profonde, dite « somnambulique », dans laquelle l'hypnotisé peut garder les yeux ouverts, se mouvoir et se comporter apparemment comme dans son état habituel, mais répond docilement aux suggestions qui lui sont faites. Parmi ces derniers sujets, il en est qui sont capables de subir des interventions chirurgicales sans l'aide d'aucun agent chimique, d'autres chez qui l'on peut produire des brûlures au deuxième degré par suggestion (vésication). On n'a pas trouvé de corrélation entre la réceptivité à l'hypnose et la constitution physique et psychique des individus (caractère extraverti ou intraverti, race, sexe, statut social, niveau intellectuel). L'étude du comportement superficiel[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur en médecine, directeur d'enseignement clinique à la faculté de médecine Lariboisière-Saint-Louis, université de Paris-VII

Classification

Médias

Séance d'hypnose - crédits : AKG-images

Séance d'hypnose

Charcot - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Charcot

Autres références

  • ABRÉACTION

    • Écrit par
    • 419 mots

    Terme utilisé en psychiatrie et en psychothérapie et qui traduit l'allemand Abreagiren, mot inconnu sans doute avant Breuer et Freud. Dans le sens le plus général, l'abréaction désigne toute décharge émotionnelle qui permet à un sujet d'extérioriser un affect lié à un souvenir traumatique...

  • BERNHEIM HIPPOLYTE (1840-1919)

    • Écrit par
    • 424 mots

    Médecin français, fondateur de l'école dite de Nancy qui se rendit célèbre par l'étude des phénomènes de suggestion et d'hypnotisme. Né à Mulhouse, Bernheim fit ses études secondaires et supérieures à Strasbourg. Reçu docteur en médecine en 1867, pour une thèse sur la myocardite aiguë, il devient...

  • BRAID JAMES (1795-1860)

    • Écrit par
    • 516 mots

    Chirurgien écossais, James Braid est le premier expérimentateur médical de l'hypnotisme, terme qui fut d'abord employé par lui et qu'il accrédita. Né à Rylaw House, dans le Fifeshire, où son père était propriétaire terrien, il fait ses études à l'université d'Édimbourg et devient médecin à Leith,...

  • FARIA JOSÉ CUSTODIO DE, dit L'ABBÉ FARIA (1755 env.-1819)

    • Écrit par
    • 358 mots

    Prêtre, professeur de philosophie et magnétiseur, élève de Franz Mesmer. D'origine portugaise, Faria est né à Goa (Inde). Après un doctorat en théologie à Rome, il s'installe à Paris en 1788. Il participe de façon assez obscure à la Révolution française et se retrouve, sous l'Empire, professeur de...

  • Afficher les 10 références