HYPOCONDRIE (histoire du concept)
Pathogénie et traitement
L'hypocondrie, pour les organicistes a une origine neurologique ; pour d'autres, elle est psychogène. E. F. Dubois d'Amiens, dès 1833, y voit « une manière de penser » déterminée par « une lésion du principe intelligent lui-même » ; Freud en fait une névrose narcissique actuelle. La vaste synthèse organo-dynamique de H. Ey s'efforce de dépasser ce débat.
Quoi qu'il en soit, l'hypocondrie est, sinon produite, au moins favorisée par la relation médecin-malade dont elle constitue une véritable forme pathologique. Soucieux de ne pas méconnaître une lésion organique, le médecin multiplie les investigations, sans conviction, mais de telle manière que le malade est confirmé dans ses craintes : il retient avidement les termes de comptes rendus radiologiques banals ; dans les réponses des laboratoires d'analyse, il constate un écart minime entre ses propres chiffres et les constantes biologiques « normales » imprimées en regard. Les conclusions négatives du médecin sont interprétées dans un sens fâcheux, avec une inconsciente mauvaise foi qui est bien proche, on l'a vu, du délire : le médecin n'a pas su trouver son mal, ou le lui dissimule pour le ménager. De nouveaux symptômes viennent s'efforcer de convaincre le médecin ; le malade peut alors s'obstiner à faire le siège d'un médecin qui s'est lassé de lui et ne le prend plus au sérieux, ou en consulter d'autres, dans une quête toujours insatisfaite.
Le traitement consiste avant tout à accepter la doléance hypocondriaque, sans impatience mais sans concession, c'est-à-dire en refusant les investigations et surtout les gestes chirurgicaux inutiles. C'est dans ces conditions qu'une chimiothérapie psychotrope adaptée revêtira toute son efficacité.
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Écrit par
- Michel GOUREVITCH : psychiatre des hôpitaux, chargé de conférences à l'École pratique des hautes études
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