HYPOTHALAMUS
L'intervention de l'hypothalamus dans les grands comportements
Comme nous l'avons dit dans l'introduction, les structures hypothalamiques interviennent au niveau de tous les grands comportements liés à l' homéostasie comme à la conservation de l'espèce (faim, soif, comportement sexuel) ; en outre, comme l'ont montré de nombreux travaux, elles jouent aussi un rôle essentiel dans la régulation thermique, la lactation, diverses réactions cardio-vasculaires associées au comportement d'agression, d'alarme, de défense, au contrôle du sommeil, etc. Il n'est pas possible, dans les limites qui nous sont imparties, de donner une vue exhaustive de toutes ces fonctions et nous nous limiterons à celles pour lesquelles les données sont les plus sûres et les plus nombreuses et qui ont suscité les travaux récents les plus significatifs, c'est-à-dire les contrôles hypothalamiques de la faim, de la soif, du comportement sexuel et de la température interne.
Contrôle hypothalamique de la faim
Le rôle fondamental de l'hypothalamus dans le contrôle du comportement de faim s'est imposé aux psychophysiologistes à la suite de travaux d'Hetherington et Ranson dès 1940. Ceux-ci démontraient en effet que la destruction du noyau ventro-médian chez le rat produisait une hyperphagie et une obésité, tandis que, vingt ans plus tard, Anand et Brobeck découvraient qu'une lésion importante de l'aire hypothalamique latérale entraînait à l'inverse une aphagie (mais aussi une adipsie). Inversement, une stimulation de ces deux structures amenait soit la satiété soit une surconsommation alimentaire (et hydrique). Ces résultats autorisaient Stellar en 1954 à proposer une « théorie hypothalamique » de l'appétit et de la faim, dont l'influence devait être considérable et qui n'a été remise en question que depuis peu d'années.
À ce jour, l'hypothalamus n'apparaît certes pas détrôné de son rôle de centre intégrateur dans le comportement alimentaire, recevant et traitant de nombreux signaux d'origine périphérique puis organisant la réponse comportementale appropriée. En revanche, les idées sont beaucoup moins précises et les anciennes certitudes controversées quant aux structures impliquées et aux systèmes récepteurs sensibles aux messages périphériques.
Une importante objection a tout d'abord été élevée quant au rôle exact du noyau ventro-médian et des aires hypothalamiques latérales. Il a été tout d'abord montré, en effet, qu'en raison des techniques employées, les destructions débordaient assez largement les amas cellulaires, empiétant en particulier sur les nombreux systèmes de fibres de voisinage ou transversant les structures intéressées.
Le second coup porté à la théorie hypothalamique de la faim a résidé dans la mise en question de la localisation et même de l'existence des « glucorécepteurs » dont les travaux de J. Mayer postulaient la présence dans le noyau ventro-médian pour expliquer la satiété. De l'hyperphagie résultant de l'usage d'un toxique, l'auro-thioglucose, qui aurait électivement détruit les glucorécepteurs, Mayer avait en effet déduit que les variations de la glycémie liées au jeûne ou à la prise alimentaire entraînaient une modification de l'activité des glucorécepteurs, elle-même génératrice essentielle, sinon exclusive, des activités comportementales déclenchées par la faim ou la satiété. Là encore, l'affinement des techniques allait retirer beaucoup de valeur à cette interprétation en montrant la grande toxicité de l'auro-thioglucose sur la circulation cérébrale et l'ensemble des neurones cérébraux, sans qu'il y ait discrimination ou préférence pour d'éventuels glucorécepteurs.
Compte tenu de ces nombreuses critiques, on peut admettre[...]
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Écrit par
- Paul LAGET : professeur de psychophysiologie à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Médias
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