- 1. Le point de départ : moraines et roches striées, critères d’une glaciation
- 2. Glaciation locale ou générale au Précambrien tardif ?
- 3. L’hypothèse de la Terre « boule de neige » ou Snowball Earth
- 4. Hypothèse de glaciation-déglaciation testable
- 5. De l’hypothèse à la théorie de la Terre « boule de neige »
- 6. Le temps des modèles climatiques performants
- 7. Les grandes lignes d’un scénario pour le Cryogénien
- 8. Bibliographie
TERRE BOULE DE NEIGE HYPOTHÈSE DE LA
Glaciation locale ou générale au Précambrien tardif ?
Dans les années 1950, l’origine glaciaire des tillites varangiennes est remise en cause. Cependant, en 1964, Brian Harland, géologue à Cambridge, les réexamine et confirme que la plupart d’entre elles sont bien d’origine glaciaire. Leur répartition quasi mondiale laisse supposer la présence de glace à toutes les latitudes, hypothèse assez mal acceptée. Mais le paléomagnétisme naissant modifie les attitudes : certains sédiments contiennent des particules magnétiques qui prennent, au moment de leur dépôt, la direction et l’inclinaison du champ magnétique environnant, toutes deux conservées lors de la consolidation en roche – elles sont horizontales à l’équateur et verticales aux pôles. Et les données paléomagnétiques de Harland révèlent que la position des continents par rapport aux pôles n’a pas toujours été la même. Il pense que les continents se sont déplacés les uns par rapport aux autres (nous sommes en 1964, et l’idée de dérive des continents commence tout juste à être acceptable) : en Scandinavie et au Groenland, les déterminations paléomagnétiques de nombreuses tillites varangiennes montrent qu’elles ont été formées à l’équateur… Pour Harland, l’océan aurait gelé lors d’un épisode glaciaire intense du Varangien et la banquise se serait étendue jusqu’à l’équateur. Pourtant, à aucun moment il n’envisage une Terre entièrement englacée : de vastes zones océaniques et même certaines zones continentales seraient restées libres de glace aux basses latitudes. Il restera sur cette position jusqu’à sa mort en 2003.
De 1964 à 1992, une controverse majeure se développe : une glaciation de cette étendue est pour beaucoup inconcevable, et aucun mécanisme connu, géologique ou climatique, ne permet en effet d’en comprendre la cause et la fin.
Est-on certain d’ailleurs de la latitude probable de formation de ces dépôts glaciaires ? La mobilité des continents n’est plus contestée depuis 1968, mais les données géologiques et paléomagnétiques (celles de Harland et toutes celles, nombreuses, qui ont suivi) le sont très vivement : la magnétisation des roches pourrait n’avoir été acquise que secondairement. Ensuite, le caractère glaciaire des tillites reste discuté et leur âge mal déterminé. Il faudrait que ces dépôts glaciaires soient synchrones pour conclure à une glaciation étendue ; or, les datations, approximatives à l’époque, donnent des âges très variables, interprétés par les uns comme relevant d’une série de glaciations d’âge différent selon les points du globe et par les autres comme l’existence de plusieurs glaciations généralisées dont il reste à déterminer l’âge, le nombre (de deux à cinq) et la durée. Les deux principales seraient une glaciation dite sturtienne (vers – 700 Ma) et une glaciation dite marinoenne (vers – 649/– 639 Ma) au Varangien, l’ensemble constituant une période géologique nommée Cryogénien. En dépit des résultats de Brian Embleton et George Williams en 1986 sur la formation d’Elatina en Australie méridionale, qui montrent de façon convaincante la présence de dépôts glaciaires en position quasi équatoriale au cours de la glaciation marinoenne, le scepticisme reste considérable.
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Écrit par
- Françoise DREYER : agrégée de l'université, historienne des sciences, chercheuse associée au Centre François Viète, université de Nantes
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Autres références
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PROTÉROZOÏQUE
- Écrit par Janine BERTRAND-SARFATI et Renaud CABY
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...de l'équateur. Il semble que si des glaciers atteignent une certaine latitude ils présentent alors une expansion rapide et très large. C'est ainsi que Kirschvinck (1992) a proposé l'hypothèse d'une Terre alors « boule de neige » entièrement gelée, idée encore très controversée. Cette ...