FLEMING IAN (1908-1964)
Écrivain anglais, né le 28 mai 1908 à Londres, mort le 12 août 1964 à Canterbury, dans le Kent.
Fils d'un parlementaire du parti conservateur et petit-fils d'un banquier écossais, Ian Lancaster Fleming voit le jour dans une famille nantie et privilégiée et reçoit son instruction en Angleterre, en Allemagne et en Suisse. Il est tour à tour journaliste à Moscou (1929-1933), banquier et agent de change (1935-1939), officier de haut rang dans les services de renseignement de la marine britannique, sous la Seconde Guerre mondiale, puis correspondant à l'étranger du London Sunday Times (1945-1949).
Se consacrant ensuite entièrement au métier d'écrivain, Ian Fleming se lance dans le roman d'espionnage avec Casino royale (1953), où il crée le personnage de James Bond, l'agent secret raffiné et séducteur appelé à connaître, parmi tous les héros de récits populaires du xxe siècle, l'une des postérités et des fortunes les plus considérables. Truffés de scènes de violence, d'évasions trépidantes, d'intrigues d'espionnage international, de gadgets sophistiqués, de complots et de créatures de rêve, les douze romans de la série deviennent d'immenses succès internationaux. Aux États-Unis, c'est John F. Kennedy, fraîchement élu à la présidence, qui lancera la mode en 1961, en citant l'un d'eux parmi ses livres de chevet.
Cultivant un penchant pour le jeu et les bolides, Bond incarnera bientôt le prototype du play-boy et du héros beau et intelligent de la fin des années 1950 et des années 1960. Ne s'offrant que le must des produits de marque, toujours muni des gadgets dernier cri, il est le symbole de l'essor de la société de consommation en Occident. L'univers de Bond, saturé de références publicitaires, a pu exaspérer plus d'un lecteur. Mais ce parti pris permet à Fleming d'obtenir un effet de réel inhabituel dans les récits populaires de son temps. Les manies et les extravagances de Bond, depuis sa recette de la vodka-martini – « au shaker, pas à la cuillère » (« shaken not stirred ») – à sa formule de présentation (« Bond, James Bond ») font vite le tour du monde. Tous les romans de la série, à commencer par Bons Baisers de Russie (1957), Docteur No (1958), Goldfinger (1959) et Opération Tonnerre (1961), seront portés à l'écran et, même si nombre de ces adaptations s'écartent de la trame inventée par Fleming, elles connaîtront le succès.
Les œuvres de Fleming seront violemment prises à partie par de nombreux critiques et romanciers éminents. Le journaliste américain Paul Johnson éreintera le phénomène Bond dans un célèbre article intitulé Sex, Snobbery, and Sadism (« Sexe, snobisme et sadisme ») et le romancier d'espionnage David Cornwell (John Le Carré) critiquera l'immoralité de Bond (« c'est une espèce de criminel en liberté qui, sous couvert de patriotisme, cautionne des crimes sordides »). Les féministes décrieront Bond pour ses manières machistes et l'Union soviétique, ennemie désignée dans tant d'intrigues nouées sur fond de guerre froide, reprochera à Fleming d'avoir créé « un monde où les lois s'écrivent à coups de pistolet ». Fleming leur objecte que « Bond n'est pas un héros et n'est pas non plus représenté sous les traits d'un être particulièrement aimable ou admirable... Il n'est pas mauvais mais il est cruel et nombriliste. Il aime la bagarre mais aussi la gloire ».
En dépit – ou du fait même – de ces critiques, les récits de James Bond gagnent en popularité. La marque de commerce 007 devient l'une des plus florissantes de l'histoire. La fortune cinématographique des James Bond ne se tarit pas à l'entrée dans le xxie siècle (le montant brut des recettes est estimé à 1 milliard de dollars), ni celle des romans,[...]
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