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McEWAN IAN (1948- )

Science, politique et éthique

À partir de la fin des années 1990, l’œuvre romanesque de McEwan va revêtir des accents politiques et éthiques. C’est le cas d’Amsterdam, satire corrosive du monde des tabloïds et des milieux politiques, qui remporte le Booker Prize en 1998 et de L’Intérêt de l’enfant (2014) qui expose les débats de conscience d’une juge aux affaires familiales confrontée à des dilemmes éthiques. La prédilection de l’écrivain pour le domaine scientifique et en particulier la neurologie se fait jour dans Délire d’amour (1997) où un personnage érotomane nourrit une obsession malsaine pour un narrateur avide de rationalité. Il en va de même dans Samedi (2005), en partie inspiré de Mrs. Dalloway (1925) de Virginia Woolf, qui suit le parcours accidenté d’un neurochirurgien pendant la journée du 15 février 2003 à Londres, durant laquelle la ville est le théâtre de grandes manifestations contre la guerre en Irak. McEwan poursuit son exploration des failles, pulsions et inhibitions humaines avec Expiation (2001) qui retrace, sur plus de soixante ans, les conséquences désastreuses d’un mensonge qui remonte aux années 1930, et Sur la plage de Chesil (2007), où sont transcrites les pensées anxieuses d’un jeune couple inexpérimenté lors de leur nuit de noces catastrophique dans la prude Angleterre des années 1960. L’écrivain renoue avec la veine comique dans Solaire (2010) où il met en scène un personnage opportuniste, envieux et narcissique qui tente de relancer sa carrière en se faisant le chantre de l’énergie solaire.

Ian McEwan se livre également à des réécritures jubilatoires de classiques de la littérature, tout d’abord avec Dans une coque de noix (2016), où un avatar d’Hamlet à l’époque contemporaine observe, depuis sa position de fœtus, les agissements criminels de sa mère et de son oncle, puis dans Le Cafard (2019), hommage à La Métamorphose de Kafka et farce pamphlétaire contre le Brexit et le chauvinisme anglais, où un cafard se réveille dans le corps du Premier ministre britannique et entreprend d’inverser le sens de la circulation de l’argent.

L’œuvre prolifique de McEwan se distingue par une variété de genres, de tons et de styles, et se situe à la croisée de plusieurs traditions : si la peinture des personnages et les fresques historiques s’inscrivent dans la lignée des grands romans victoriens, les structures narratives complexes et l’exploration des consciences individuelles portent la marque des apports du modernisme et du post-modernisme. Attentif à la dimension visuelle des scènes qu’il décrit et scénariste lui-même, Ian McEwan a vu plusieurs de ses romans portés au cinéma.

— Vanessa GUIGNERY

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Écrit par

  • : habilitée à diriger des recherches en études anglophones, professeure des Universités à l'École normale supérieure de Lyon

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