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SMITH IAN (1919-2007)

Monstrueuse incarnation du racisme pour les nationalistes noirs, repoussoir pour les bonnes consciences progressistes et tiers-mondistes, bête noire des chancelleries occidentales dans les années 1970, Ian Douglas Smith s'est éteint dans la ville du Cap le 20 novembre 2007. Premier ministre de la Rhodésie du Sud d'avril 1964 à juin 1979, il a défrayé la chronique par ses formules abruptes, ancrées dans des certitudes qui paraissaient avec le temps de plus en plus incongrues. Mais il ne faut pas oublier l'époque qui l'a façonné, lorsque les nationalistes africains étaient instrumentalisés par Moscou ou Pékin et que l'anticommunisme était sanctifié par Washington et le Vatican. Ian Douglas Smith fut aussi le héros de la population blanche de Rhodésie – au grand dam de la minorité de démocrates (white liberals) qui l'ont vainement combattu. De fermiers et de petits Blancs oubliés par le reflux de la vague coloniale, il a su exalter l'identité rhodésienne, celle d'une minorité défendant son mode de vie contre la terre entière si nécessaire.

Ian Smith - crédits : Terry Fincher/ Hulton Archive/ Getty Images

Ian Smith

Né en 1919 dans la ville minière de Selukwe, en Rhodésie du Sud (aujourd'hui Shurugwi au Zimbabwe), fils de modestes immigrants écossais, Smith fut un combattant valeureux de la Seconde Guerre mondiale (dans la R.A.F.). Fermier lui-même, il incarnait au plus près les valeurs conservatrices et les préjugés des colons britanniques – notamment la discrimination à l'égard des Noirs sur le plan du travail, des droits politiques et de l'accès au foncier. Entré en 1948 dans le – mal – nommé Parti libéral, puis actif au sein du Parti fédéral unifié pendant la période de la Fédération d'Afrique centrale qui réunissait Rhodésie du Nord, Rhodésie du Sud et Nyassaland (1953-1963), Smith participa en 1962 à la formation du Front rhodésien. Ce dernier remporta ensuite toutes les élections sur fond de méfiance de la population blanche à l'égard du gouvernement de Londres, soupçonné de vouloir abandonner la colonie aux nationalistes noirs. Après l'échec des négociations avec Londres sur un statut assurant une large participation politique des Noirs, dont le Front rhodésien ne voulait pas entendre parler, Ian Smith, devenu Premier ministre en 1964, s'engagea dans l'aventure d'une indépendance au bénéfice de la seule minorité blanche (Déclaration unilatérale d'indépendance du 11 novembre 1965), d'une répression de plus en plus dure du nationalisme noir puis d'une guerre civile dévastatrice, dans un contexte d'isolement international et de sanctions onusiennes.

Dans ses Mémoires publiés en 1997, Smith ne manifeste ni remords ni autocritique, persuadé que sa chute ne s'explique que par une série de trahisons : celle de Londres en 1965, celle des États-Unis et de l'Afrique du Sud, en 1976-1978, sur lesquels il avait cru pouvoir s'appuyer pour sauver son rêve de dominion blanc au cœur de l'Afrique. Sa seule concession à l'histoire en marche fut la main tendue, en 1978, aux leaders noirs modérés dans le cadre de l'Internal Settlement. Conformément à cet accord, un Parlement et un gouvernement à majorité noire furent établis et l'évêque Abel Muzorewa devint Premier ministre en titre après les élections d'avril 1979. Cependant, les finances et la sécurité restaient entre les mains des Blancs, et la guerre civile se poursuivit. Toutefois, Smith a dû céder à la pression, notamment sud-africaine, en décembre de la même année, et accepter, à la conférence de Lancaster House, l'indépendance totale de la Rhodésie du Sud, sous le nom de Zimbabwe, sur la base du principe « un homme, une voix ». Il n'a obtenu pour les siens de garanties économiques que pour la première décennie et une représentation séparée au Parlement limitée à sept années ; il appela néanmoins[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, professeur de science politique à l'Institut d'études politiques de Bordeaux

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Ian Smith - crédits : Terry Fincher/ Hulton Archive/ Getty Images

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