IBN FAḌL ALLĀH AL-‘UMARĪ (1301-1349)
Écrivain arabe et l'un des plus importants représentants de l'encyclopédisme qui se développa dans le cadre de l'État et du domaine mamlūk. Né à Damas, Shiḥāb al-dīn Aḥmad ibn Faḍl Allāh al-‘Umarī appartient, par sa famille, à la bourgeoisie des fonctionnaires : il finira par remplacer son père à la tête de la chancellerie, au Caire. Ayant été un temps en disgrâce et emprisonné, il reprend ses fonctions, mais à Damas cette fois, en 1340. Révoqué deux ans après, il occupe sa retraite forcée à composer ses principaux ouvrages.
‘Umarī représente le type de ces grands commis du pouvoir mamlūk, qui reprennent, à des siècles de distance, la tradition des scribes (kuttāb) du califat ‘abbāside de Bagdad. Soucieux de la formation technique du fonctionnaire, ils prétendent aussi à celle, plus générale, de l'honnête homme. Dans l'un et l'autre cas, le souci du langage, de la connaissance parfaite de l'arabe et de ses moyens d'expression va de pair avec leurs préoccupations. Langue des actes administratifs ou langue de l'encyclopédie, l'arabe se doit, à leurs yeux, d'allier la clarté à la rhétorique, la nécessité de traduire un contenu à la forme même de l'exposition de ce contenu : la prose d'‘Umarī prêchera d'exemple, par le recours aux souvenirs poétiques, par la volonté de faire, autant qu'une encyclopédie, une œuvre littéraire, reconnaissable, en tant que telle, à l'usage de procédés stylistiques éprouvés.
Connu par une sorte de manuel descriptif de l'administration mamlūk, par une histoire consacrée à sa famille, qu'il fait remonter au second calife musulman, ‘Umar (d'où son nom), et par quelques essais, épîtres et vers, ‘Umarī est surtout, pour la postérité, l'auteur d'une vaste encyclopédie de plus de vingt volumes, intitulée Voies des regards sur les royaumes des grandes villes (Masālik al-abṣār fī mamālik al-amṣār, vol. I, Le Caire, 1924 ; traduction partielle par M. Gaudefroy-Demombynes, L'Afrique, moins l'Égypte..., Paris, 1927). C'est à Qudāma, et à sa volonté de connaissance totale, qu'on pense ici : au-delà du fonctionnaire, ‘Umarī vise le public cultivé, au sens le plus général du terme. L'ouvrage se divise en deux parties, qu'on pourrait qualifier, schématiquement, de géographie et d'histoire. La première traite de géographie générale et de la description des différents empires ; la seconde, de l'histoire avant l'islam et après l'apparition de celui-ci. En réalité, sous la simplicité du classement d'ensemble, les frontières ne sont pas toujours aussi nettes, ni les domaines aussi réservés : la littérature et la poésie, la toponymie, la religion, la tradition, le droit, pour ne parler que d'eux, se taillent chacun, au fil de l'ouvrage, leurs places respectives. Bien informé, rassemblant d'immenses lectures, puisant aux pièces d'archives, non dépourvu d'esprit critique, ‘Umarī a finalement réussi son pari : non pas une œuvre originale, mais une synthèse convenablement présentée.
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Écrit par
- André MIQUEL : professeur au Collège de France
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Autres références
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NUWAYRĪ AL- (1279-1332)
- Écrit par André MIQUEL
- 467 mots
L'un des plus grands représentants, avec Ibn Faḍl Allāh al-‘Umarī et Qalqashandī, de la littérature encyclopédique arabe à l'époque mamelouke. Né en Haute-Égypte, Nuwayrī appartient, par son père, au milieu bourgeois des fonctionnaires d'État et occupera lui-même divers postes en Égypte ou en Syrie....