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IBN KHURRADĀDHBEH (IXe s.)

Polygraphe arabe, Ibn Khurradādhbeh fut le véritable initiateur de la géographie en cette langue. Sa vie est mal connue, mais sa personnalité, grâce à quelques renseignements biographiques et surtout à ses œuvres, se laisse assez facilement cerner. Un penchant très net pour l'histoire et la géographie y côtoie les multiples aspects de la culture générale ou, pour mieux dire, du savoir de l'honnête homme dans la Bagdad des califes ‘abbāsides : une série de livres sur le chant et la musique ou sur les plaisirs de la table font d'Ibn Khurradādhbeh l'un des premiers représentants de la mise en forme de cette culture (adab), avec son illustre contemporain al-Djāḥiẓ.

C'est pourtant le rôle politique et administratif d'Ibn Khurradādhbeh qui doit d'abord retenir l'attention. Il appartient, par ses origines, à ces Iraniens qui, par familles entières, entreprennent, sous la double bannière de l'islam et de la langue arabe, d'apporter leur contribution à l'État, à la société et à la civilisation ‘abbāsides. La solide formation qu'il a reçue ainsi que la carrière politique de son père, gouverneur de province, le prédisposent tout naturellement à l'administration : il se retrouvera finalement chef du tout-puissant service de la Poste (barīd), qui, non content d'acheminer les courriers officiels de Bagdad et vers Bagdad, joue le rôle d'un véritable service de renseignements.

L'œuvre géographique d'Ibn Khurradādhbeh, qui fut tenue, par les écrivains arabes eux-mêmes, comme la première et parfois le modèle du genre, nous est parvenue sous une forme laissant assez bien discerner l'œuvre originale, composée en 232 (846), et des adjonctions faites par l'auteur vers 272 (885). Le Livre des routes et des royaumes (Kitāb al-masālik wa l-mamālik, éd. De Goeje, Leyde, 1889) devait donner, en tout cas, à la géographie arabe ultérieure un titre célèbre, repris par d'autres, et un champ d'investigation exploré dans trois directions essentielles : thèmes de la géographie ptoléméenne (composantes notables de la Terre, fleuves, mers et îles notamment, ainsi que précisions chiffrées sur les longitudes et latitudes et sur les sept « climats » successifs disposés parallèlement à partir de l'équateur), thèmes de culture générale (renseignements historiques, légendes, mirabilia), enfin, et surtout, informations qu'Ibn Khurradādhbeh a tirées de son métier même et qui vont enrichir considérablement le trésor de la géographie (itinéraires et distances, impôt foncier, régions frontière). Il suffira aux successeurs d'Ibn Khurradādhbeh de développer ces thèmes pour parvenir peu à peu à une description en profondeur de l'empire de l'islam et à une évocation vraie de ses voisins.

— André MIQUEL

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  • YA‘QŪBĪ AL- (mort en 897)

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    Écrivain arabe, historien et géographe, Ya‘qūbī appartient à une famille vouée par tradition à l'administration et au shī‘isme : un de ses ancêtres, préfet d'Égypte, paya de sa vie son attachement aux descendants de la famille d'‘Alī.

    Comme géographe, Ya‘qūbī paraît...