Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

IBN TAYMIYYA (1263-1328)

L'un des plus grands, sinon le plus grand, des jurisconsultes de l'école ḥanbalite. À l'arrivée des Mongols, Taqī al-dīn Aḥmad ibn Taymiyya quitte Ḥarrān, sa ville natale, et se réfugie à Damas, où il enseigne à la mosquée des Umayyades l'exégèse coranique. Il dénonce tout ce qu'il juge innovation (bid‘a) en islām ; en particulier, il attaque les partisans du ṣūfïsme d'Ibn ‘Arabī. Mais il est lui-même accusé d'anthropomorphisme. Les attaques de ses adversaires le font plusieurs fois emprisonner en Égypte, et il connaît dans ce pays beaucoup de tribulations. Il revient à Damas en 1313, où il passe ses dernières années comme chef d'école, non sans être l'objet d'attaques qui lui valent de nouveau la prison. Certains ḥanbalites, des ash‘arītes, le grand qāḍī (qāḍī l-quḍāt) mālikite et le grand qāḍī shāfi‘ite s'acharnent tour à tour contre lui. Il rédigea divers ouvrages pendant ses captivités successives, mais finit par se voir supprimer tout moyen d'écrire. Il meurt dans la citadelle de Damas.

Polémiste intransigeant, Ibn Taymiyya a une solide connaissance des doctrines qu'il attaque, aussi bien en matière de droit et de philosophie que de théologie et de mystique. Il ne condamne que ce qu'il juge être des déviations. Pour le reste, il souhaite, comme l'a remarqué H. Laoust, une doctrine de synthèse ou de conciliation, de « juste mesure » (wasaṭ). S'appuyant uniquement sur le Coran et sur le ḥadīth, il fait confiance aux « anciens » (salaf). Il a voulu discipliner l'effort personnel (idjtihād), en insistant sur l'importance des textes, en réduisant le rôle du consensus (idjmā') et en critiquant tous les autres principes fondés sur des jugements de valeur trop humains. Outre l'importance qu'a eue Ibn Taymiyya dans le développement ultérieur du wahhabisme, qui inspire de nos jours l'Arabie Saoudite, il est aussi, plus généralement encore, un des inspirateurs du mouvement réformiste salafī, qui veut rendre vie à l'islam par un retour à la pure doctrine des anciens et par le rejet des opinions novatrices.

— Roger ARNALDEZ

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Autres références

  • IBN ‘ABD AL-WAHHĀB

    • Écrit par
    • 195 mots

    Muḥammad ben ‘Abd al-Wahhāb donne son nom à la doctrine du wahhabisme. Réformateur sunnite issu d'une famille de juristes du Nadjd, en Arabie centrale, il s'inscrit dans le courant rigoriste musulman du hanbalisme (Ibn Ḥanbal mort en 855), revitalisé au xiiie siècle par le Syrien...

  • SALAFISME

    • Écrit par
    • 4 358 mots
    • 3 médias
    ...l’agression séculaire dont les chrétiens se seraient rendus coupables contre l’islam, rendant légitime l’adoption de tous les moyens de « défense » possible. C’est dans l’œuvre du syrien Ibn Taymiyya (mort en 1328) que le salafisme trouve les meilleurs ingrédients pour nourrir sa rhétorique de l’exclusion...