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KEÏTA IBRAHIM BOUBACAR (1945-2022)

Ibrahim Boubacar Keïta, communément appelé « IBK », est un homme d’État malien, Premier ministre de 1994 à 2000, président de l’Assemblée nationale du Mali de 2002 à 2007, puis président de la République du Mali de 2013 à 2020.

Ibrahim Boubacar Keïta est né en 1945 à Koutiala dans la région de Sikasso, alors située en Afrique-Occidentale française. En 1958, grâce à une bourse récompensant les meilleurs élèves de l’empire colonial français, il poursuit ses études secondaires à Paris puis revient passer son baccalauréat à Bamako en 1965. Il commence alors ses études supérieures à la faculté des lettres de Dakar puis obtient, à la Sorbonne, une maîtrise d’histoire et deux diplômes d’études approfondies (DEA), en sciences politiques et en histoire des relations internationales. Keïta commence sa carrière comme chargé de recherche au CNRS et enseigne les systèmes politiques du tiers-monde au centre multidisciplinaire de Tolbiac.

Au milieu des années 1980, Keïta retourne au Mali, où il représente l’ONG Terre des hommes. Il milite alors contre la dictature de Moussa Traoré, qui dure depuis 1968. Après la chute de ce dernier en 1991, Keïta rallie l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma) et devient directeur adjoint de la campagne d’Alpha Oumar Konaré en 1992. Une fois élu président, ce dernier nomme IBK ambassadeur, puis lui confie brièvement le ministère des Affaires étrangères avant de le nommer Premier ministre en 1994. Il porte alors la réforme de la décentralisation, jusqu’à sa démission en 2000. Il abandonne alors toutes ses fonctions à l’Adéma, dont il a notamment été président à partir de 1994.

En 2001, Keïta fonde le Rassemblement pour le Mali (RPM) afin de briguer la présidence. En 2002 et 2007, il est candidat à l’élection présidentielle, perdant les deux scrutins au profit d’Amadou Toumani Touré (« ATT »). Durant le premier mandat de ce dernier, grâce aux bons résultats du RPM aux législatives, Keïta obtient la fonction de président de l’Assemblée nationale et se positionne en allié d’ATT, tandis que, lors du second quinquennat, ayant conservé son siège de député (RPM), il se mue en opposant.

En 2013, alors qu’ATT a été renversé par un coup d’État militaire en mars 2012, que le pays est en état de guerre depuis lors, et que l’opération Serval a été déclenchée en janvier 2013, dans le cadre de la lutte antiterroriste, à l’initiative de la France, la médiation internationale impose une élection présidentielle comme condition sine qua non pour entamer le processus de paix. IBK obtient alors des soutiens importants, notamment de la part de chefs religieux et des réseaux qu’il a tissés à l’international : il gagne l’élection présidentielle avec près de 78 % des voix. Après un état de grâce de quelques mois et plusieurs initiatives en faveur de la paix et de la démocratie, la communauté internationale déchante. Si IBK avait fait du rétablissement de l’État de droit l’un des thèmes privilégiés de sa campagne, son régime est rapidement accusé de mauvaise gouvernance, voire de corruption. En avril 2014, des tensions émergent avec le Fonds monétaire international, qui révèle le détournement par certains dirigeants maliens de fonds alloués au pays.

Malgré un bilan extrêmement mauvais (insécurité, corruption, pauvreté, chômage, grèves…), IBK est réélu en 2018. Le président sortant obtient jusqu’à 95 % des voix dans les régions du Nord, scores faisant peser des soupçons de fraude ou de clientélisme. À cela s’ajoutent d’autres problèmes : une insurrection djihadiste reprenant de l’ampleur, la multiplication des conflits intercommunautaires et la difficulté pour l’État malien d’assurer sa présence et son autorité sur l’ensemble de son territoire. Keïta décide de maintenir les élections législatives en mars et avril 2020, malgré un contexte d’insécurité[...]

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    ...put alors commencer, dans la fièvre due au très court délai imparti. Finalement, malgré les critiques émises, le premier tour eut lieu le 28 juillet ; Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), leader du Rassemblement pour le Mali (RPM), et Soumaïla Cissé, candidat de l’Union pour la république et la démocratie, arrivèrent...