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ICHIKAWA KON (1915-2008)

À travers près de quatre-vingt-dix films (de 1945 à 2006), Ichikawa Kon a souvent tiré le meilleur parti des sujets qu'on lui confiait, des comédies satiriques des débuts aux films dramatiques qui ont établi sa réputation à l'étranger, comme La Harpe de Birmanie, Le Pavillon d'or, L'Étrange Obsession, Feux dans la plaine, et qui inscrivent son œuvre dans une perspective à la fois historique, sociale et esthétique. Ses diverses expérimentations visuelles, ancrées à de solides scénarios, le plus souvent signés de sa femme Wada Natto (1920-1983) ont transcendé ses meilleurs films grâce à une écriture parfois flamboyante, avant que les assauts de la Nouvelle Vague ne viennent tout remettre en cause au début des années 1960. Le sens visuel aigu et l'humour souvent décapant qui imprègnent ses œuvres les plus notables proposant une vision oblique et lucide d'une société en rapide évolution, mais toujours écartelée entre la tradition nationale et la tentation de l'Occident.

Né en 1915 à Uji Yamada (préfecture de Mie), Ichikawa Kon étudie les techniques de l'animation avant la Seconde Guerre mondiale, et commence à travailler dans les studios de la compagnie Tōhō. Ce n'est qu'en 1945 qu'il peut réaliser sa première œuvre, Une fille au temple de Dōjō, film de marionnettes adapté d'une pièce de Kabuki, qui sera interdit par les autorités américaines pour féodalisme. Après les dures grèves qui marquèrent la Tōhō en 1947, Ichikawa intègre alors la compagnie dissidente Shin Tōhō, où il tourne sans répit comédies farfelues, films policiers, mélodrames et divertissements avec une virtuosité technique parfois stupéfiante. Son regard sur la société d'après guerre est assez caustique, comme le montrent ces comédies satiriques irrévérencieuses, que sont Mr. Lucky (1952), Mr. Pou (1953), ou encore Un milliardaire (1954). Dès 1956, passé à la compagnie Daiei, il commence à réaliser une série de belles adaptations littéraires : Le Pauvre Cœur des hommes (1955, d'après Soseki Natsume), La Salle du châtiment (1956, d'après le roman scandaleux d'Ishihara Shintaro), ou Nihonbashi (1956, d'après Kyoka Izumi). C'est La Harpe de Birmanie (1956), d'après une histoire de Takeyama Michio sur un soldat « perdu » devenu bonze pour enterrer ses camarades morts, qui le révélera à Venise (prix San Giorgio). Suivent Le Train bondé (1957), une des satires les plus caustiques de la société nippone jamais tournées, et la trilogie qui rendra Ichikawa célèbre, à Cannes ou Venise : Le Brasier (1958, adaptation du Pavillon d'or de Mishima), L'Étrange Obsession (1959, d'après La Confession impudique de Tanizaki), et surtout l'impressionnant Feux dans la plaine (1959), où le cinéaste restituait avec force l'expérience insoutenable vécue par l'écrivain Ōoka Shōhei aux Philippines, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Morcelant l'espace en noir et blanc ou en couleurs, Ichikawa y développait une sorte « d'entomologie cinématographique » qui n'est pas sans rapport avec celle mise en œuvre par Imamura quelques années plus tard. Une de ses meilleures adaptations reste Le Serment rompu (1962), d'après le sombre roman social de Shimazaki Toson.

Au début des années 1960, Ichikawa, alors au faîte de sa carrière, se tourne vers des œuvres plus légères, comme La Vengeance d'un acteur (1963), somptueux divertissement théâtral qui célébrait avec brio les trois cents films de l'acteur Hasegawa Kazuo. Seul sur l'océan Pacifique (1963) plus sombre, célèbre à sa façon la traversée solitaire de l'océan, avec l'acteur-producteur Ishihara Yujirō. Ichikawa filme encore brillamment, grâce au travail de multiples caméras, les « insectes humains » de Tōkyō Olympiades (1964). Mais ses[...]

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  • JAPON (Arts et culture) - Le cinéma

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    ...de la guerre comme Kurosawa Akira (La Légende du Grand Judo[SanshiroSugata], 1943), Kinoshita Keisuke (Le Port en fleurs[Hanasakuminato], 1943), IchikawaKon (Une fille au temple Dojo[MusumeDojoji], 1945-1946), ou qu'il s'agisse des maîtres de toujours, tels que Mizoguchi, doivent pactiser, collaborer,...
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    Il en va tout autrement de la démarche de KonIchikawa avec Tokyo Olympiades, présenté au festival de Cannes en 1965 : filmant les Jeux de T̄okȳo en 1964, le réalisateur accumule certes des kilomètres de pellicule (120 000 mètres), mais il élabore un véritable scénario sur le thème de la création,...