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ICÔNE

Le terme icône, du grec ἐικ́ων, qui signifie image ou ressemblance, désignait à l'origine toute image religieuse, portative ou fixe, quelles qu'en soient la technique (peinture, mosaïque, marbre, ivoire, orfèvrerie, tissu, etc.) et l'échelle. Mais, dans son acception moderne la plus courante, il s'applique à une image religieuse peinte (ou, plus rarement, réalisée en mosaïque) sur un panneau de bois mobile, représentant soit un portrait (le Christ, la Vierge, les saints), soit une scène, et destinée au culte (privé ou public). À la fois œuvre d'art et objet de culte, l'icône est l'expression picturale par excellence de la foi orthodoxe. Elle occupe une place de premier plan dans l'histoire de l'art, mais aussi dans la spiritualité et le culte des chrétientés orientales et, particulièrement, de Byzance. Pourtant, malgré des progrès récents, liés à la découverte et à la publication de nouvelles icônes (au mont Sinaï, à Chypre, en Géorgie, etc.), aux travaux de restauration et à une exploitation plus systématique des sources écrites, l'étude des icônes soulève encore bien des difficultés. La stabilité de l'iconographie, l'anonymat des artistes (à quelques exceptions près) ne facilitent guère les datations, souvent établies de façon approximative sur des critères essentiellement stylistiques. La localisation des ateliers de production, l'identification des écoles locales et, a fortiori, des peintres demeurent très problématiques.

Byzance : origine des icônes et développement de leur culte

Comme la plupart des formes de l'art chrétien, l'icône prend ses racines dans la tradition de la fin de l'Antiquité. Les portraits hellénistiques et romains de défunts, comme ceux qui ont été retrouvés en grand nombre en Égypte, les images officielles de l'empereur ou les représentations de divinités païennes (en particulier les panneaux peints des religions à mystères) ont dû fournir aux artistes chrétiens leurs premiers modèles. Ils annoncent, en tout cas, par leur technique, leur facture, leur fonction même (« double magique » de la personne représentée), les premières icônes chrétiennes.

La tradition de l'Église orthodoxe, qui voit dans saint Luc le premier peintre d'icônes, voudrait faire remonter l'usage de celles-ci à l'époque apostolique, mais c'est fort peu vraisemblable. Si les plus anciennes icônes qui nous sont parvenues ne sont pas antérieures au vie siècle, quelques témoignages anciens, comme une vie apocryphe de saint Jean l'Évangéliste (iie s.), font état d'une utilisation quasi païenne des icônes chez de simples fidèles, à une époque où l'Église est encore généralement hostile, ou du moins réticente, à l'égard des représentations figurées. Aux ive et ve siècles, ces mentions textuelles, qui concernent surtout les provinces orientales (Égypte, Syrie, Palestine), deviennent plus fréquentes. L'icône a alors surtout pour fonction de faire revivre la mémoire d'un saint personnage, de susciter un sentiment de vénération à son égard ou d'instruire les fidèles en leur présentant les grands événements de l'Ancien et du Nouveau Testament. C'est surtout à partir du milieu du vie siècle que se développe le rôle des icônes dans la dévotion populaire. Investies, comme les reliques, dont le culte fleurissait en Orient, de pouvoirs surnaturels, les icônes sont utilisées comme des objets magiques. On leur prête des vertus protectrices et bénéfiques, et la distinction entre image et prototype (personnage représenté) tend à s'effacer. Il est significatif qu'apparaissent à cette époque (vers le milieu du vie s.) les premières légendes concernant les icônes d'origine miraculeuse, dites acheiropoiètos (non faites de main d'homme), et les[...]

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<it>Madone</it>, entourage d'A. Roublev - crédits :  Bridgeman Images

Madone, entourage d'A. Roublev

<it>Trinité, ou Philoxénie d'Abraham</it>, A. Roublev - crédits :  Bridgeman Images

Trinité, ou Philoxénie d'Abraham, A. Roublev

Monastères des Météores - crédits : Hans Strand/ Getty Images

Monastères des Météores

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