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ICÔNE

Les icônes russes

En Russie, dont l'art religieux, comme celui des Balkans, tire ses origines de Byzance, l'icône connut un exceptionnel essor. Là, mieux qu'ailleurs, s'affirmèrent les caractères distinctifs d'écoles locales, de nouveaux thèmes iconographiques furent créés (les saints Boris et Gleb, le Pokrov – voile – de la Vierge, par exemple) et des peintres de talent développèrent un style souvent original. Les plus anciennes icônes conservées, souvent d'une qualité remarquable, remontent aux xie et xiie siècles (le Saint Georges du Kremlin de Moscou, la Vierge orante de la Galerie Tretiakov, l'Archange aux cheveux d'or de Saint-Pétersbourg). Certaines restent si fidèles à la tradition byzantine qu'il est bien difficile de déterminer la nationalité des artistes et, plus encore, de localiser les ateliers de production. C'est à Kiev que s'établirent probablement les plus anciens ateliers d'icônes : aux maîtres grecs se joignirent bientôt des peintres russes, comme le célèbre Alimpii. Après le déclin de Kiev, d'autres centres (Vladimir, Souzdal) se développèrent, dont le plus important fut Novgorod. Dans cette ville, qui échappa à l'invasion mongole, se maintint, du xiie au xve siècle, une intense activité artistique. Les peintres d'icônes élaborèrent un style local, caractérisé par des compositions simples et bidimensionnelles, un goût prononcé pour le linéarisme et pour les couleurs pures, vives et lumineuses.

Avec l'arrivée de Théophane le Grec, venu de Constantinople à Novgorod (vers 1378), puis à Moscou (vers 1395), une nouvelle vague d'influences byzantines (de l'époque des Paléologues) se répandit en Russie. La Transfiguration de la Galerie Tretiakov est un bel exemple du style savant et passionné, d'une grande intensité dramatique, de Théophane.

Moscou, devenue le centre politique de la Russie, va s'imposer, à la fin du xive et au xve siècle, comme la principale école de peinture d'icônes. Son meilleur représentant est Andreï Roublev (1360/1370-env. 1430), dont l'art exerça une influence importante sur la peinture du xve siècle. S'éloignant de l'intensité dramatique de Théophane, il élabore des compositions harmonieuses, caractérisées par la fermeté et la fluidité des lignes, le lyrisme des couleurs et la spiritualité douce émanant des visages aux traits fins (la Trinité, Galerie Tretiakov). Le dernier grand peintre de l'école de Moscou est Dionysii (maître Denys), né vers 1450, qui peignit, dans des couleurs délicates et rayonnantes, des icônes d'un art raffiné, aux figures très élancées et animées d'une intense spiritualité. En dehors de Moscou, la peinture d'icônes fleurit, au xve siècle, dans d'autres centres : Novgorod, surtout, mais aussi Pskov, Tver et Souzdal.

<it>Madone</it>, entourage d'A. Roublev - crédits :  Bridgeman Images

Madone, entourage d'A. Roublev

<it>Trinité, ou Philoxénie d'Abraham</it>, A. Roublev - crédits :  Bridgeman Images

Trinité, ou Philoxénie d'Abraham, A. Roublev

Le déclin de l'art de l'icône, en Russie, commence dans la seconde moitié du xvie siècle. Les « maîtres de la famille Stroganov », au nord-est du pays, s'inspirent des anciennes icônes de Novgorod, mais multiplient les détails et les personnages en des compositions surchargées, d'un style miniaturiste, dont le goût se répandra dans toute la Russie.

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<it>Madone</it>, entourage d'A. Roublev - crédits :  Bridgeman Images

Madone, entourage d'A. Roublev

<it>Trinité, ou Philoxénie d'Abraham</it>, A. Roublev - crédits :  Bridgeman Images

Trinité, ou Philoxénie d'Abraham, A. Roublev

Monastères des Météores - crédits : Hans Strand/ Getty Images

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