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IDENTITÉ

Gottlob Frege (1894) a observé que l'identité est indéfinissable : « Puisque toute définition est une identité, l'identité elle-même ne saurait être définie. » Le même (to auto, idem) appartient à la liste des « transcendantaux » médiévaux, c'est-à-dire que, dans un autre langage, l'identité est une notion d'ontologie formelle, comme ens ou unum. Elle est transversale à tous les modes du discours ; sa généralité et son abstraction sont encore plus élevées que celles des oppositions catégoriales. Cette prééminence a comme contrepartie une relative indétermination ; il y a une difficulté intrinsèque à saisir l'identité, sur les plans les plus divers – logique et métaphysique, psychologique, anthropologique – et l'explication de l'identité consiste à mettre en évidence un certain nombre de paradoxes. Ainsi que l'a écrit John Austin (Truth, 1961), « même », « réel » ou « entité » sont des mots dont l'usage négatif est mieux repérable que leur emploi directement assertif. Ils fournissent les soubassements de la sémantique de la langue – de la compréhension du monde, de soi et de l'autre – ; mais leur propre signification reste obscure.

Philosophie

Étant donné le caractère difficilement définissable de l'identité, plutôt que d'établir un historique des théories et des métaphysiques (Schelling, Hegel) concernant ce concept, il est préférable de dégager les enjeux conceptuels qu'il recouvre. En fait, la théorie de l'identité se présente, pour une large part, comme un ensemble de tentatives en vue d'en déterminer le sens. Ou le non-sens : tel fut le propos de la critique de David Hume.

Signification de l'identité

À quelle expérience, demande Hume, se réfère l'idée d'identité, étant entendu qu'à toute « idée » une « impression » empirique doit correspondre ? La singularité de chaque objet nous procure l'idée d'unité (au sens d'unicité), non celle d'identité. Et la pluralité des objets nous fournit celle de multiplicité, mais on ne pourra pas non plus en déduire l'identité, car, si grandes que soient les ressemblances entre des objets, l'esprit ne cessera pour autant de constater que leurs « existences » restent distinctes et indépendantes. Selon Hume, l'illusion de l'identité est engendrée par le temps. La perception prolongée d'un objet s'apprécie de deux façons et, dans leur réunion de fait, réside l'explication (psychologique, en dernier ressort) de l'identité. En effet, telle perception se laisse envisager soit comme unique (unity, c'est-à-dire l'impression pendant toute la durée de l'expérience), soit comme plurielle (number, l'impression et l'objet aux temps t1 et t2, du début et de la fin). Or l'identité se dégagerait comme une notion médiane (medium betwixt) entre unicité et numérosité. Dire d'un objet qu'il est identique à soi signifie qu'un objet existant à un moment (« numérosité ») demeure le même (« unicité ») à un autre moment (« numérosité ») : « Le principe d' individuation n'est que l'invariabilité et la persistance (uninterruptedness) de tout objet au cours d'une variation supposée du temps. » Le problème se déplace alors ; il nous faudra nous demander ce qui nous fait attribuer aux objets l'unité qualitative de leurs déterminations et une existence continuée dans le temps. Cela est dû, explique Hume, à la constance et à la cohérence des perceptions. La constance, c'est-à-dire la ressemblance des impressions relatives à un certain objet en des moments différents, nous amène à imaginer que cette ressemblance s'enracine dans une seule et même chose, et représente une véritable identité ; et la cohérence[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences en science politique à l'université de Paris-X-Nanterre
  • : docteur en philosophie, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
  • : chargée de recherche au CNRS
  • : professeur de psychologie, directeur de l'U.E.R. des sciences du comportement et de l'éducation à l'université de Toulouse-le-Mirail

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Découverte de soi - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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