AMIN DADA IDI (entre 1923 et 1926-2003)
Appartenant à la petite tribu nubienne des Kakwa dans le nord-ouest de l'Ouganda, Idi Amin Dada passe son enfance à garder les chèvres ; après quelques études élémentaires vite terminées, il s'engage à vingt et un ans comme aide-cuisinier au King's African Rifles, mais prétend avoir participé à la guerre de Birmanie avec les Britanniques. Il sert de nouveau ceux-ci en 1952 au Kenya pendant la révolte des Mau-Mau. Le 9 octobre 1962, son pays devient indépendant et le Premier ministre Milton Obote lui confie la direction de l'armée, malgré sa réputation de brutalité. Obote s'appuie sur lui pour chasser le roi du Bouganda et faire de l'ensemble des principautés un État centralisé (15 avril 1966). Contre l'avis d'Obote, Idi Amin, qui est l'interlocuteur direct de la mission militaire israélienne à Kampala, fait des séjours en Israël et favorise l'aide qu'apporte ce pays à la guérilla autonomiste anyanya au Soudan méridional.
Le 25 janvier 1971, alors que le président ougandais participe à la conférence du Commonwealth à Singapour, Idi Amin prend le pouvoir et suspend les partis politiques. Obote se réfugie en Tanzanie chez son ami Julius Nyerere. Des combats éclatent aux frontières des deux pays. On signale le massacre de militaires fidèles et de membres de la tribu de l'ancien chef d'État, celle des Longo. Idi Amin rencontre le colonel Kadhafi, se convertit à l'islam, expulse les Israéliens et les remplace par des conseillers palestiniens. Il fait entrer dans l'armée nombre de représentants de sa tribu et constitue une police de mercenaires nubiens (Public Safety Unit, Bureau of State Research), détestés par la population. Ils seront à l'origine de la plupart des exactions (cent mille morts en deux ans d'après la Commission internationale des juristes). En août 1972, il ordonne l'expulsion des cinquante mille commerçants asiatiques (décision démagogique et populaire). On rapporte alors les faits et gestes de ce personnage excentrique (il se fait porter en palanquin par des hommes d'affaires britanniques) mais, pour l'Occident, l'humour tourne à la tragédie quand il s'en prend directement aux Européens et menace d'exécuter le professeur anglais Dennis Hills qui l'avait traité, dans un ouvrage, de « tyranneau de village ». L'intervention des chefs d'État africains sauve le Britannique. Et lorsque, le 28 juillet 1975, il préside à Kampala, comme chef d'État hôte, la douzième session de l'O.U.A. la question se pose dans la presse mondiale : « Qui représente l'Afrique ? » Les suites du raid israélien sur Entebbe (3 juillet 1976) démontrent sa participation à la prise d'otages et entraîne l'élimination systématique des acteurs involontaires et des nouveaux ennemis potentiels. On dit alors de lui qu'« il tue pour survivre » (tribus Baganda et Longo, étudiants qui avaient brocardé son fils, sa propre épouse, et plus tard l'évêque anglican de Kampala). Il échappe à plusieurs attentats plus ou moins réels. En juin 1977, le véhicule qu'il devait prendre est détruit par un obus de bazooka. Il s'ensuit une nouvelle épuration au sein de l'armée.
Mais ses débordements ne s'exportent pas, surtout lorsqu'ils s'exercent aux dépens des pays voisins, comme la Tanzanie, par exemple, dont il envahit une partie du territoire (le saillant de la Kagera) en 1978. Julius Nyerere, qui est au socialisme africain ce qu'Houphouët-Boigny est au capitalisme (une réussite pour chacun dans leur genre), entreprend la reconquête. Mais les soldats tanzaniens, auxquels se sont joints des guérilleros du Front de libération de l'Ouganda, formés en toute hâte, traversent la frontière et entrent dans Kampala à la mi-avril 1979. L'ancien recteur de l'université de Makarere, Youssouf Kironde Lule, est[...]
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Écrit par
- Bernard NANTET : journaliste spécialisé sur l'Afrique
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Média
Autres références
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MUSEVENI YOWERI KAGUTA (1944- )
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Homme politique ougandais, à la tête du pays depuis 1986, président de la République depuis 1996.
Né en 1944 dans une famille de fermiers éleveurs du district de Mbarara, Yoweri Kaguta Museveni fréquente l'école des pères missionnaires. Il poursuit des études de science politique et d'économie à...
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OUGANDA
- Écrit par Bernard CALAS , Encyclopædia Universalis , Odette GUITARD et Henri MÉDARD
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...qu'il perçoit comme ses opposants (les Baganda, les catholiques, etc.). À partir de 1966, le pouvoir d'Obote repose de plus en plus sur la contrainte. Trop dépendant d'Idi Amin Dada, il cherche à constituer ses propres soutiens dans les forces de l'ordre, encourage le recrutement et la promotion des personnes...