OUEDRAOGO IDRISSA (1954-2018)
Chef de file de la seconde génération des cinéastes de l'Afrique noire, Idrissa Ouedraogo possède une filmographie aussi riche que celle de Sembène Ousmane.
Il est né le 21 janvier 1954 à Banfora, au sud-ouest du Burkina Faso (ex-Haute-Volta), une région verte dans un pays ravagé par la sécheresse que connaît le Sahel. Cette origine va influencer toute sa création. Après une licence de cinéma à l'Institut national de formation et d'études cinématographiques de Ouagadougou, il poursuit sa formation dans les VGIC de Moscou avant d'être admis à l'IDHEC en France, en 1982. Sa carrière commence par les courts-métrages, des « documentaires-fictions ». À travers l’histoire d’une jeune villageoise enceinte, le premier, Poko (1981), met en lumière le manque d'infrastructures pour les ruraux et leurs dures conditions de vie. Avec Les Écuelles (1983), il montre la fabrication des écuelles de bois par deux vieillards burkinabés, au moyen d’instruments rudimentaires. Il produit ensuite Les Funérailles de Larlé (1984), en coréalisation avec Pierre Rouamba, sur les rites funéraires royaux des Mossis.
En 1987, son premier long-métrage, Le Choix, est la chronique d’une famille de paysans qui a fui la sécheresse du Sahel. Yaaba (1989) conte, à la manière d’un récit de formation, une amitié entre un enfant et une vieille femme qui vit en marge de la communauté, car on la tient pour une sorcière. Grand Prix du jury au festival de Cannes 1990, Tilaï marque l’intrusion de la tragédie grecque dans le territoire africain.
En 1991, à la Comédie-Française, Idrissa Ouedraogo met en scène La Tragédie du Roi Christophe d'Aimé Césaire en utilisant, au nom de l'universalité de l'art, des comédiens blancs pour cette pièce, flambeau de la négritude. Quant aux films qui suivent, Samba Traoré (Ours d’argent au Festival du film de Berlin 1992) Kiniet Adams (1997) ou La Colère des dieux (2003), ils ne parviennent pas à renouer avec le succès de Tilaï. Le metteur en scène participe également à des films collectifs dont 11’09’’01, sur les attentats du 11 septembre 2001) et réalise pour la télévision Trois Hommes, un village (2005).
Idrissa Ouedraogo meurt à Ouagadougou (Burkina Faso) le 18 février 2018.
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Écrit par
- Touré KITIA : docteur de troisième cycle en lettres, D.E.A. de cinéma, écrivain, cinéaste
- Anne VINCENSINI : chercheuse
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