IENISSEÏ
L'Ienisseï moyen, du barrage de Krasnoïarsk à l'Angara
La digue, dite en France de Krasnoïarsk (en fait de Divnogorsk), retient un lac de 388 kilomètres de longueur, 101 mètres de profondeur, 2 000 kilomètres carrés et 73 milliards 300 millions de mètres cubes. Construit de 1957 à 1967, ce barrage, par sa puissance installée de 6 millions de kilowatts, était alors le premier du monde. C'est 33 kilomètres au nord de la digue que se trouve la ville elle-même de Krasnoïarsk. Créée en 1628, la forteresse était l'une des plus anciennes de Sibérie orientale, mais la ville ne comptait encore que 26 600 habitants au recensement de 1897. Ce fut l'arrivée du Transsibérien qui provoqua son explosion démographique, soulignant une remarquable situation géographique au carrefour de l'artère ferroviaire et de la voie fluviale de l'Ienisseï. À l'époque soviétique, Krasnoïarsk vit d'abord arriver le charbon du Kouzbass, puis le pétrole de l'Oural par oléoduc, l'hydroélectricité du plus grand barrage du monde et enfin le lignite. La ville se retrouva à la tête d'une région regorgeant d'énergie, fixant ainsi les industries fortes consommatrices d'électricité. L'usine d'aluminium, les industries mécaniques lourdes, la chimie lourde s'installèrent d'abord pour profiter de l'énergie produite, suivies d'industries de pointe en lien avec les laboratoires de recherche regroupés dans le quartier de l'Académie. Devenue la troisième ville de Russie d'Asie, la population de Krasnoïarsk s'élevait à 925 000 habitants lors de la chute de l'U.R.S.S. La crise de la période de Boris Eltsine fit tomber la population à 871 000 habitants en 1996, mais elle est remontée à 917 000 habitants en 2005. Après un déclin dans les années 1990, le port fluvial de Krasnoïarsk a repris sa croissance. La compagnie d'État de la navigation fluviale de l'Ienisseï, fondée en 1931, a été privatisée en 1994. Elle a assuré, pour l'année 2005, un trafic de 3,3 millions de tonnes de marchandises et 141 000 passagers.
En aval de Krasnoïarsk, qui est déjà à 560 de latitude nord, la population se réduit, mais les terres agricoles se poursuivent encore sur environ 350 kilomètres le long du fleuve. L'Ienisseï moyen se termine au confluent de l'Angara. Cette rivière, issue du lac Baïkal 1 779 kilomètres plus en amont, est, si on compte la Selenga se jetant dans ce même lac, beaucoup plus longue que l'Ienisseï. D'ailleurs, en termes de débit également, l'Angara est plus abondante, puisqu'elle apporte 4 400 mètres cubes par seconde, face aux 3 350 mètres cubes par seconde fournis par l'Ienisseï lui-même. Si, d'après les noms qui leur ont été donnés, c'est l'Angara qui se jette dans l'Ienisseï, c'est en fait physiquement le contraire. L'Angara, régulée naturellement par le lac Baïkal et artificiellement par les quatre barrages d'Irkoutsk, Bratsk, Oust-Ilimsk et Bogoutchany, est une rivière de grand poids économique, qui marque la limite orientale de la mise en valeur de la Sibérie.
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Écrit par
- Laurent TOUCHART : professeur de géographie à l'université d'Orléans, président du C.S.T. du pôle-relais zones humides intérieures
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