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MEYERSON IGNACE (1888-1983)

Créateur de la psychologie historique, dont il a établi les fondements théoriques et fixé les règles de méthode, Ignace Meyerson est né à Varsovie, dans une famille juive d'intellectuels, médecins et savants. En 1905, quand les premières secousses révolutionnaires ébranlent l'empire des tsars, Meyerson, qui, tout jeune étudiant, a participé au mouvement en Pologne, est obligé d'abandonner son pays natal. Après six mois passés à l'université de Heidelberg, il arrive en France où il se fixera. Il y rejoint son oncle Émile (1859-1933), philosophe et historien des sciences, dont le grand ouvrage Identité et réalité, paru en 1908, assurera la célébrité.

En même temps qu'une licence de sciences, Ignace Meyerson termine ses études médicales. Interne des hôpitaux psychiatriques, il est affecté à La Salpêtrière dans le service de Philippe Chaslin. Mais, plus que le métier de médecin — exercé déjà par son père —, c'est la recherche pure qui attire le jeune homme. En 1912, sous la direction et dans le laboratoire de Louis Lapicque, il entreprend des travaux de physiologie qui le conduiront à publier, conjointement avec son maître, deux articles sur l'excitabilité des fibres du pneumogastrique. Après la guerre, où il est mobilisé dans le service de santé, il assiste Henri Piéron à la direction du laboratoire de psychophysiologie de l'Institut de psychologie de Paris, organisme de recherche et d'enseignement, créé en 1920, pour consacrer l'autonomie de la nouvelle discipline psychologique qu'en raison de son orientation expérimentale on souhaite séparer nettement du domaine de la philosophie, auquel elle était jusqu'alors rattachée. À l'Institut, enseignent à cette époque, à côté d'Étienne Rabaud et de Georges Dumas, deux hommes, Pierre Janet et Henri Delacroix, qui marqueront durablement la pensée de Meyerson et qui contribueront à infléchir ses recherches vers les problèmes de psychologie humaine.

C'est en effet au cours des années vingt que les intérêts scientifiques de Meyerson se déplacent, s'élargissent, son enquête changeant de sphère et de plan pour le conduire de la physiologie à la psychologie proprement dite. Son interrogation portera désormais sur les traits spécifiques des activités mentales de l'homme, sur les conditions et la portée de ce qu'il a appelé lui-même, dans un article, l'« entrée dans l'humain », sur les discontinuités et les ruptures qu'impliquent, par rapport aux comportements animaux, les conduites, les actions et les œuvres du niveau humain, sur les méthodes particulières que requiert leur analyse scientifique.

Deux institutions joueront — dans cette orientation nouvelle qui conduira Meyerson à lier de plus en plus fortement la psychologie aux autres sciences de l'homme tout en maintenant son entière indépendance — un rôle de premier plan. D'abord, la Société française de psychologie, où se côtoient, pour confronter leurs découvertes, des savants de disciplines diverses ; Meyerson en assure le secrétariat à partir de 1920 ; le médecin et biologiste Philippe Chaslin en est alors le président ; le linguiste Antoine Meillet lui succède en 1922, pour céder lui-même la place en 1923 à Marcel Mauss, sociologue et ethnologue. Ensuite et surtout, le Journal de psychologie normale et pathologique, fondé par Pierre Janet et Georges Dumas. Meyerson en est, dès 1920, l'animateur comme secrétaire de la rédaction. Il le dirigera, à partir de 1938, avec Charles Blondel et Paul Guillaume, puis après 1946 avec Guillaume seul, enfin comme directeur unique, après la mort de Guillaume en 1962. Pendant soixante-trois ans, Meyerson a donc tenu la barre d'une des grandes revues françaises de psychologie, de renom international. Tout en ouvrant ses colonnes aux multiples courants de la psychologie, il a fait[...]

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  • VERNANT JEAN-PIERRE (1914-2007)

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    Jean-Pierre Vernant pouvait s'appuyer sur deux enseignements (et deux amitiés fidèles et étroites) : celui du psychologue Ignace Meyerson (1888-1983), pour qui les fonctions psychiques ne sont pas un donné mais une construction dont la nature est historique, puisqu'elles ne peuvent être comprises...