PADEREWSKI IGNACY JAN (1860-1941)
Pianiste, compositeur et homme d'État polonais. Né à Kurylówka en Podolie, Paderewski étudie à Varsovie et à Berlin, puis enseigne le piano au Conservatoire de Varsovie (1878-1883). À la même époque, il travaille la composition et l'orchestration avec Friedrich Kiel et Heinrich Urban à Berlin (1881). L'actrice Modjeska, qu'il rencontre en 1883, le pousse à entreprendre une carrière de virtuose et l'incite à travailler avec Theodor Leschetizky à Vienne (1884). Sans devenir l'un de ses disciples, il en hérite les qualités sonores et sa carrière prend rapidement un essor considérable après un an de professorat au Conservatoire de Strasbourg (1885-1886). Entre 1889 et 1909, il passe l'été en Suisse, où il se consacre à la composition. De 1909 à 1913, il est directeur du Conservatoire de Varsovie. Puis il se fixe aux États-Unis, où il acquiert en 1913 un ranch en Californie.
Dès le début de la Première Guerre mondiale, Paderewski fonde un Comité d'assistance aux victimes de guerre en Pologne ; il recommence à jouer, collecte d'énormes sommes et, surtout, fonde un mouvement favorable à l'indépendance de la Pologne. Dès 1917, le président Wilson est acquis à l'idée de l'indépendance polonaise. Paderewski devient le chef de quatre millions de Polonais d'Amérique ; en 1917, il recrute des volontaires pour l'armée polonaise créée en France et organise des camps d'entraînement au Canada. En 1918, il est ambassadeur à Washington. Le 17 janvier 1919, rentré à Varsovie, il forme un cabinet de coalition dans lequel il est président du Conseil et ministre des Affaires étrangères. Il régularise rapidement la situation internationale de la Pologne et, dès la première réunion de la Diète, il fait voter la création d'une armée nationale polonaise, dans laquelle se fondent les différents groupes militaires. En avril 1919, il est le délégué de la Pologne à la conférence de la Paix. Il voudrait conclure la paix avec la Russie soviétique, mais, devant l'opposition de l'armée polonaise, il démissionne le 10 décembre 1919.
En 1920, il reprend sa carrière de pianiste, enseigne l'été et devient le chef de la jeune école des compositeurs polonais à Paris. À partir de 1936, il se consacre à l'édition intégrale des œuvres de Chopin qui ne sera terminée qu'après la guerre. En 1940, il revient à la politique, acceptant la présidence du gouvernement polonais en exil, en France puis aux États-Unis, où il meurt l'année suivante.
Figure de légende, issu de la tradition de Liszt et d'Anton Rubinstein, Paderewski est considéré comme l'un des géants du piano de sa génération. La douceur de ses sonorités et un sens inné des contrastes soulignaient des conceptions très libres où l'enthousiasme et la passion l'emportaient sur la rigueur et l'authenticité. Son œuvre, très traditionnel, appartient à l'école romantique : un opéra, Manru (créé en 1901), la Symphonie en si mineur (créée en 1909), et de nombreuses pièces pour piano dont le fameux Menuet en sol majeur. Il a également écrit plusieurs livres : Chopin, a Discourse (1911), The Paderewski Memoirs (1939) et un article au titre révélateur pour son style d'interprétation, « Tempo rubato » (1910).
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
Classification
Média
Autres références
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PIANO
- Écrit par Daniel MAGNE et Alain PÂRIS
- 4 344 mots
- 15 médias
...partir de la génération suivante que nous possédons des témoignages sonores qui permettent une véritable analyse de l'évolution de l'interprétation. Ignaz Paderewski (1860-1941), Eugen d'Albert (1864-1932) et Ferrucio Busoni (1866-1924) font figure d'héritiers privilégiés de Liszt ou de Theodor Leschetitzki...