IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, film de Tsui Hark
Né au Vietnam en 1951, Tsui Hark passe son adolescence à Hong Kong et sa jeunesse aux États-Unis. De retour à Hong Kong, diplômé d'audiovisuel, il tourne (après deux ans de télévision) un premier film qui le fait aussitôt remarquer, Butterfly Murders (1979). Dès lors, les œuvres s'enchaînent, et la consécration arrive avec Zu, Les Guerriers de la montagne magique (Suk san, Sun Suk san geen hap, 1982), qui renouvelle le genre du wu xia-pian (film de sabre chinois). En 1984, Tsui Hark fonde sa propre société de production (Film Workshop), où les jeunes les plus novateurs du cinéma hongkongais se précipitent lorsqu'ils sont incapables de s'exprimer sous les fourches caudines des studios traditionnels, à commencer par celui des célèbres frères Chow. En 1986, Film Workshop produit le film qui va faire connaître John Woo, Le Syndicat du crime. L'année suivante, nouveau succès jusqu'en Occident, Histoires de fantômes chinois, de Ching Siu-Tung. Tous ces succès donnent lieu à des suites, et Il était une fois en Chine (Huang Fei-hong/Once upon a time in China) n'échappera pas à la règle.
De la gestion des « ressources humaines »
« Huang Fei-hong, regardez ! Les navires de guerre occidentaux encombrent nos ports... On ne sait pas défendre le pays... ». Ainsi Liu Yong-fu, chef de la flotte de Canton en cette année 1885, résume-t-il le break-up (« mise en pièce ») de la Chine par l'Occident. Ses paroles s'adressent au Dr Huang Fei-hong, à qui il laisse le commandement de sa milice cependant qu'il part en Indochine combattre les Français. Huang Fei-hong aura fort à faire, entre les Mandchous complices des Occidentaux, les écoles de kung-fu rivales, les disciples plus ou moins convaincus de la justesse de sa vision politique indépendantiste, et ses problèmes personnels avec sa jolie « treizième tante »... Sans parler des bonimenteurs qui, dans la ville de Foshan où cette histoire prend place, appellent sans cesse les passants à émigrer en direction de la « montagne d'or » (les États-Unis), pays de cocagne où tout brille si fort qu'il faut y porter en permanence des lunettes de soleil... Un soir on découvrira une épave humaine revenue par miracle de la « montagne d'or », et qui agonise en révélant que là-bas « on nous tatoue comme du bétail ».
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Écrit par
- Laurent JULLIER : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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