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RÉUNION ÎLE DE LA

L'héritage colonial

Dès le début du xvie siècle, l'île figure sur la carte marine de Cantino sous le nom de Dina Margabin (« île de l'ouest »). Elle apparaît ensuite sur une carte datée de 1518 sous le nom de Santa Apollonia (référence probable à un débarquement le jour de Sainte-Apolline). Mais ce n'est qu'en 1638 que l'équipage du vaisseau dieppois le Saint-Alexis pose pied sur l'île. L'année 1642 marque ainsi la prise de possession, par la France, de l'île qui devient l'île Bourbon. Pendant plus d'un siècle, d'autres débarquements ont lieu (portugais, hollandais, britanniques) et plusieurs noms sont donnés à l'île, dont celui de Mascareignes, qui comprend également Maurice et Rodrigues. Les premiers habitants sont des mutins déportés de Madagascar. Ils arrivent à Bourbon entre 1646 et 1669.

La véritable colonisation commence dans la seconde moitié du xviie siècle, avec la Compagnie française des Indes orientales et les projets de Colbert. L'archipel des Mascareignes devient une escale précieuse sur la route des Indes. Il s'agit alors d'intensifier le commerce et donc de s'implanter. En 1663, Louis Payen et dix esclaves malgaches s'installent sur l'île ; ils sont les premiers habitants à y rester. En 1665, sous la conduite d'Étienne Regnault, envoyé de Colbert qui devient le premier gouverneur de l'île (1665-1671), vingt colons débarquent, suivis de deux cents autres. Le gouverneur devient le personnage central de la colonie, et notamment Bertrand François Mahé, comte de La Bourdonnais, gouverneur de 1735 à 1746. En 1738, ce dernier prend une décision aux conséquences durables − qui soulève, actuellement, le débat sur l'existence ou non de deux départements : il transfère la capitale de Saint-Paul à Saint-Denis. Au regard des richesses potentielles, des espaces et des côtes, l'île Bourbon devient le grenier de la métropole, tandis que l'île de France (actuelle île Maurice) en est le port de guerre et de commerce. À Bourbon, le café connaît alors son âge d'or, même si la monarchie espère beaucoup des épices (girofle, muscade) introduites par l'intendant Pierre Poivre (1719-1786). Les terres à cultiver sont distribuées par des arrêtés royaux aux colons blancs d'origine française. Ces concessions s'étendent, selon l'expression, « du battant des lames au sommet des montagnes ». Cette expansion économique s'accompagne d'un développement du commerce des esclaves. L'édit de décembre 1723, qui s'inspire du Code noir (1685), fait de l'esclave l'équivalent d'un meuble, en ce qu'il ne peut rien posséder en propre, n'a aucune responsabilité civile, le maître répondant de ses actes. La population esclave croît considérablement au cours du xviiie siècle, passant de 268 adultes en 1708, à 4 500 en 1736 et à 23 000 en 1779.

Parallèlement à l'aggravation des conditions de vie des esclaves, la seconde moitié du xviiie et le début du xixe siècle voient l'augmentation de la population, le manque de terres qui en découle et les partages de celles-ci liés aux successions. On assiste ainsi à l'appauvrissement progressif d'une part croissante de la population blanche et aux migrations des « Petits Blancs » (petits propriétaires blancs appauvris) vers les terres des Hauts de l'île.

Pendant la Révolution française, dès juillet 1790, le pouvoir est aux mains de l'Assemblée coloniale dirigée par les planteurs bourbonnais. La Convention décide de rebaptiser, le 19 mars 1793, l'île Bourbon du nom de La Réunion. L'abolition de l'esclavage, décrétée le 16 pluviôse an II (le 4 février 1794), est toutefois refusée par les représentants de l'Assemblée coloniale réunionnaise, en accord avec ceux de l'île de France. En juillet 1796, les[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités en histoire contemporaine, université de La Réunion
  • : professeur en géographie, doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines, université de La Réunion

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La Réunion [France] : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

La Réunion [France] : carte physique

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