- 1. Une extrême insularité
- 2. L'Europe découvre les Pascuans
- 3. Le déclin démographique
- 4. De mémoire de Pascuan ...
- 5. L'origine des Pascuans
- 6. La société pascuane
- 7. L'écriture des Pascuans
- 8. Les ahu
- 9. Les moai
- 10. La catastrophe écologique des XVIe-XVIIe siècles
- 11. Les Pascuans aujourd'hui
- 12. Bibliographie
PÂQUES ÎLE DE
L'Europe découvre les Pascuans
À la fin du xvie siècle commence la quête d'une fabuleuse Terra Australis Incognita qui, croit-on, contrebalance au sud la masse des continents de l'hémisphère Nord. À 270 sud, le flibustier Edward Davis aperçoit, en 1687, une terre basse et sableuse. En 1721, la Compagnie hollandaise des Indes occidentales lance Jacob Roggeveen à la recherche de cette terre, à la tête de 223 hommes et d'une flotte de trois navires ; le 5 avril 1722, jour de Pâques, une île apparaît à la latitude annoncée par Davis.
Le débarquement sur « l'île de Pâques » a lieu le 10 dans la baie d'Hanga Hoonu ; de nombreux insulaires accueillent 134 hommes bien armés. Quelques centaines de mètres sont parcourus lorsque des marins apeurés ouvrent le feu : une douzaine de Pascuans sont tués ; ensuite, des échanges s'établissent. Roggeveen lève l'ancre le 12 avril.
Dans les journaux de Jacob Roggeveen et de Cornelius Bouman, il est question d'une région de l'île plus fertile que celle qui a été visitée, de champs carrés bordés de fossés secs, de sept maisons en forme de bateau renversé, longues d'une quinzaine de mètres, de pirogues à balancier, longues de trois mètres, faites de petites planches cousues, de statues et du culte qui leur est rendu, des productions vivrières et de leur préparation, des vêtements en écorce battue et des parures, particulièrement de celles qui distendent le lobe de l'oreille ; parmi les insulaires, seules deux ou trois femmes ont été vues. Les statues, hautes de 9 mètres, frappent les Hollandais d'étonnement, d'autant plus qu'il n'y a pour les ériger, ni madrier, ni corde solide ; ce mystère se dissipe lorsqu'on les croit modelées en argile.
En 1770, le vice-roi du Pérou envoie Felipe González à la recherche de la terre de Davis. À bord de deux navires, une expédition forte de 546 hommes atteint l'île le 15 novembre ; elle est baptisée « San Carlos », nom du roi d'Espagne. Cinq cents hommes débarquent sur la côte nord ; la moitié d'entre eux montent planter trois croix sur le mont Poike ; le document de prise de possession, lu à cette occasion, est contresigné par trois chefs pascuans. Le 21, les Espagnols lèvent l'ancre.
La foule qui les a accueillis est estimée à mille personnes parmi lesquelles peu de femmes et d'enfants. Dans ce monde dépourvu de bois, la dimension extraordinaire des statues nommées moai provoque l'admiration des Espagnols. Un dictionnaire d'une centaine de mots est recueilli, une carte établie, des croquis topographiques dressés, sur lesquels figurent des statues et leur coiffe de tuf rouge.
Le 12 mars 1774, James Cook découvre à la lunette les statues de l'île de Pâques ; l'équipage de la Resolution (112 hommes) est alors affaibli par la vaine recherche du continent austral. Le 14 et le 15, les environs d'Hanga Roa et la côte sud sont visités. Au journal et à une carte de Cook s'ajoutent les notes de William Wales, John Pickersgill, Johann et Georg Forster, ainsi que quelques dessins de Johann Forster et de William Hodges.
La population visible est estimée à six cents ou sept cents personnes ; mais les femmes et les enfants ne se montrent pas. L'impression dominante est celle d'une grande pauvreté, à peine atténuée par l'existence de plantations parfois vastes. La plus grande des maisons mesure 18 mètres de longueur. Des objets sont acquis, dont des bois sculptés. Les Forster n'observent pas plus d'une vingtaine de végétaux différents, dont deux ou trois petits arbustes. Les Pascuans sont reconnus comme étant des Polynésiens par leur aspect physique, leur langue et leurs coutumes.
En 1786, l'expédition de Jean François de Galaup de Lapérouse, forte de 220 membres à bord de deux navires, comprend sept scientifiques[...]
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Écrit par
- Michel ORLIAC : chercheur au C.N.R.S.
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