- 1. Une extrême insularité
- 2. L'Europe découvre les Pascuans
- 3. Le déclin démographique
- 4. De mémoire de Pascuan ...
- 5. L'origine des Pascuans
- 6. La société pascuane
- 7. L'écriture des Pascuans
- 8. Les ahu
- 9. Les moai
- 10. La catastrophe écologique des XVIe-XVIIe siècles
- 11. Les Pascuans aujourd'hui
- 12. Bibliographie
PÂQUES ÎLE DE
Le déclin démographique
L'impact sanitaire de la venue des Européens est difficile à évaluer. Les vêtements obtenus des Hollandais en 1722 ont peut-être semé des germes pathogènes. En effet, Gonzáles, Cook et Lapérouse font état d'une faible population. Ensuite, malgré le passage attesté d'au moins 95 navires entre 1786 et 1862, le déclin démographique n'est pas évident ; en effet, la foule qui reçoit Lejeune est aussi nombreuse que celle que Lapérouse a décrite.
L'année 1862 marque le début d'un siècle dramatique. En décembre, huit navires péruviens raflent plusieurs centaines de Pascuans, peut-être même un millier, pour les vendre comme esclaves. La plupart meurent dans l'année sur le continent. Leur sort émeut l'opinion internationale, les pirates sont pourchassés et une douzaine de survivants rapatriés.
Au début de janvier 1864, le Suerte, venant de Tahiti, débarque six rescapés en même temps que le frère Eugène Eyraud ; ce dernier passe neuf mois très difficiles au milieu des Pascuans, qu'il ne parvient pas à convertir. Il assiste aux préparatifs de la cérémonie de l'Homme-Oiseau et signale la présence, dans toutes les maisons, de statuettes en bois et de tablettes portant des caractères hiéroglyphiques. Recueilli à moitié mort le 11 octobre 1864, il revient le 23 mars 1866 avec le père Hippolyte Roussel ; ils sont bientôt rejoints par le frère Théodule Escolan et le père Gaspard Zumbohm. La population accepte enfin d'entendre la bonne parole ; sa conversion semble totale à la mort d'Eyraud, le 19 août 1868. Le père Roussel, auteur d'un dictionnaire français-pascuan, reste, malgré de nombreuses omissions, un témoin essentiel de la vie de cette petite société.
En 1868, le capitaine norvégien Peter Arup fait une courte halte au cours de laquelle il acquiert des objets en bois sculpté. Le 31 octobre, les officiers du navire anglais Topaze sont accueillis par les missionnaires et par Onésime Dutrou-Bornier, un Français établi depuis peu sur l'île. Richard Sainthill et John Linton Palmer, le chirurgien de la Topaze, traversant l'île, parviennent à la carrière de statues du Rano Raraku. Dans le centre cérémoniel d'Orongo, ils découvrent une statue haute de 2,42 m ; ils démolissent la maison qui l'abrite et rapportent la statue en Angleterre. L'impunité de cette profanation montre que la société pascuane est alors en pleine mutation.
La population, jusqu'alors dispersée, est concentrée autour des deux missions, à Hanga Roa et à Vaihu, et aux abords de la maison de Dutrou-Bornier, à Mataveri. Depuis le retour des rescapés, une épidémie de petite vérole et la tuberculose l'ont considérablement amoindrie ; en 1869, elle est de six cent cinquante personnes. Puis Dutrou-Bornier attaque la mission qui, en 1871, abandonne le terrain. Les missionnaires emmènent cent soixante-huit Pascuans à Mangareva, puis à Tahiti ; un autre groupe de deux cent quarante-sept insulaires les y rejoint en 1872. Dès lors, il n'y a plus que deux cent trente habitants sur l'île. Dutrou-Bornier y développe des cultures maraîchères et un élevage de moutons pour le compte de la firme Salmon-Brander, de Tahiti. En 1872, ce sont des Pascuans bien peu catholiques que l'aspirant de marine Julien Viaud (Pierre Loti) décrit dans les notes rédigées lors de son passage à bord de La Flore. L'amiral de Lapelin fait alors décapiter un moai, exposé aujourd'hui dans le hall du musée de l'Homme, à Paris.
Entre 1879 et 1888, le destin de l'île, de ses cent onze habitants et de dizaines de milliers de moutons, est entre les mains d'Alexandre Salmon, un demi-Tahitien qui sert de guide éclairé, d'interprète et de pourvoyeur d'objets aux différentes missions scientifiques comme celles de l'Allemand Wilhelm Geiseler en 1882[...]
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Écrit par
- Michel ORLIAC : chercheur au C.N.R.S.
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