MAURICE ÎLE
Nom officiel | République de Maurice (MU) |
Chef de l'État | Prithvirajsing Roopun (depuis le 2 décembre 2019) |
Chef du gouvernement | Pravind Jugnauth (depuis le 23 janvier 2017) |
Capitale | Port Louis |
Langue officielle | Anglais 2
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Unité monétaire | Roupie mauricienne (MUR) |
Population (estim.) |
1 235 000 (2024) |
Superficie |
2 007 km²
|
De l'île déserte à la nation
« Étoile et clé de la mer des Indes »
Trouvée déserte par les Portugais, l'île Maurice est fréquentée par les Européens sur la route des Indes au xvie siècle. Les Hollandais la baptisent et l'occupent pour son ébène de 1598 à 1710. Recolonisée depuis Bourbon en 1721, elle devient l'île de France. Les débuts sont difficiles sous le monopole de la Compagnie des Indes. Rendue au roi, elle devient une base majeure pendant la montée de la rivalité franco-anglaise pour le contrôle de l'Inde. Elle dirige les Mascareignes, colonise les Seychelles, commerce avec l'Inde, se livre à la traite à Madagascar et sur la côte du Mozambique pour développer ses plantations. Autonome sous la Révolution française, elle devient le centre de la guerre de course dans l'océan Indien et fait commerce du riche butin ramené par Surcouf et ses émules, mais elle tombe en 1810 aux mains des Anglais, et le traité de Paris de 1814 en fait une colonie britannique où reste curieusement en vigueur l'essentiel des codes napoléoniens. Le xixe siècle est marqué par le développement considérable de la culture de la canne, mais, en 1835, l'émancipation des esclaves, qui représentent alors les sept dixième de la population, suscite une crise de main-d'œuvre. Les colons y remédient en introduisant, jusqu'en 1907, plus de 450 000 travailleurs indiens « engagés », dont plus de 280 000, restés dans le pays, pénètrent peu à peu tous les secteurs de l'économie et bientôt la vie politique. À la suite de la Seconde Guerre mondiale, les réformes dont bénéficie l'île Maurice facilitent leur marche au pouvoir.
Décolonisation et communalisme
Le 12 mars 1968, l'île Maurice devenait indépendante à la suite d'un lent processus de décolonisation, qui l'avait menée, en vingt ans, de la situation de colonie à celle d'État souverain : cinq Constitutions jalonnent cette période, dont les principales dates sont l'institution du suffrage universel et d'un début de responsabilité ministérielle en 1958 et la création d'un Conseil des ministres et d'une Assemblée législative en 1964. À vrai dire, cette évolution devait seulement conduire à une autonomie interne (atteinte réellement au début de 1967).
Sous la poussée des hindous et malgré les réticences des autres communautés et notamment de la « population générale », le principe de l'indépendance est adopté le 21 août 1967 à la suite de ces élections. Les Anglais quittent la scène, laissant aux prises les divers groupes ethniques, non sans avoir multiplié les précautions : constitution détaillée, garantie des droits des minorités.
La Constitution du 12 mars 1968 est un document fort long, établi par les experts du Colonial Office après consultation des diverses tendances politiques mauriciennes, sur le modèle habituel des constitutions du Commonwealth. À l'origine, l'île Maurice était une monarchie dont le souverain était Sa Majesté Élizabeth II, reine de Maurice, représentée sur place par un gouverneur général (et par un haut-commissaire, en tant que reine du Royaume-Uni). Mais, depuis le 12 mars 1992, la République a été proclamée et un président de la République élu pour cinq ans par le Parlement s'est substitué à l'ancien gouverneur général, à la tête de l'État mauricien. Néanmoins, l'organisation et le fonctionnement des institutions publiques mauriciennes n'ont pas fondamentalement changé. Ainsi, aujourd'hui encore, tout comme en régime parlementaire britannique, le pouvoir est effectivement exercé par un Cabinet, émanation de la majorité du Parlement, sous le contrôle de l'opposition. L'unique Assemblée législative se compose de soixante-dix membres, dont soixante-deux élus dans vingt circonscriptions à trois sièges[...]
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Écrit par
- Jean BENOIST : professeur à l'université d'Aix-Marseille-III, responsable du groupement de recherches coordonnées océan Indien
- Jean-François DUPON : professeur des Universités O.R.S.T.O.M. (Nouméa), membre du Centre d'études et de recherche sur les sociétés de l'océan Indien
- Louis FAVOREU : professeur à l'université d'Aix-Marseille-III
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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