TROBRIAND ÎLES
Archipel océanien situé à l'extrémité orientale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée dont il fait partie et comprenant une douzaine d'îles coralliennes plates, entourant un vaste lagon. Les îles Trobriand (440 km2) avaient, en 2000, une population estimée à 20 000 habitants dont la majeure partie habite la grande île de Boyowa. L'archipel est compris dans l'aire culturelle Massim qui regroupe les îles d'Entrecasteaux, quelques îles de l'archipel de la Louisiade, ainsi que les Amphlett, les Marshall Benett et l'île Woodlark. Cette région de la Mélanésie fut explorée en partie par Torres en 1606, mais beaucoup d'îles ne furent découvertes qu'à la fin du xviiie siècle.
L'anthropologue Bronislaw Malinowski consacra aux Trobriandais des études originales d'une portée ethnologique nouvelle, auxquelles nous devons la connaissance de cette société. Les Trobriandais, qui pratiquent abondamment la pêche, l'artisanat et le commerce, sont avant tout des horticulteurs. C'est de leurs jardins d'ignames ou de taros qu'ils tirent l'ensemble de leur subsistance, mais aussi un surplus appréciable qui leur permet des échanges nombreux avec les villages de pêcheurs et les habitants des archipels voisins. La culture de l'igname est aussi au centre de la vie sociale, politique et rituelle. L'institution fondamentale des Trobriandais est le don d'ignames urigubu que fait chaque année un homme au mari de sa sœur. Symétriquement, le frère de sa femme devra lui fournir la meilleure partie de sa récolte ; celle-ci devra être redistribuée en partie à sa famille conjugale et à ses proches parents. Le système social est ainsi constitué d'un réseau extrêmement complexe et subtil de prestations. Le don cérémoniel d'ignames entretient des liens très importants entre le frère et la sœur qui appartiennent au même clan matrilinéaire, mais qui se trouvent séparés par la résidence virilocale de celle-ci. Il assure aussi un lien entre les divers groupes lignagers en les plaçant dans un rapport d'obligations réciproques. De plus, le don par son caractère ostentatoire — les plus beaux tubercules sont exposés devant le « grenier » à ignames — constitue un stimulant non pas tant pour la production économique que pour la recherche du prestige. C'est par la multiplication de ces dons qui lui sont faits qu'un homme s'enrichit et peut ainsi acquérir une position privilégiée dans la société, ce qui lui permet d'organiser des festivités, de financer des expéditions commerciales et de rémunérer selon la coutume les services qui lui sont rendus. Critiquant Malinowski qui voit dans ces « hommes de prestige » des « chefs » au statut héréditaire, Singh Ubéroi suggère que les leaders les plus influents doivent leur position à la situation économique favorable de leur clan et au rôle que joue celui-ci dans l'intégration des activités des autres groupes de l'île et dans le réseau des échanges outre-mer. C'est par la pratique de la polygynie, qui accroît le nombre des dons d'ignames, que le leader acquiert son prestige.
Les Trobriandais participent à un vaste cycle d'échanges économiques et cérémoniels : la kula, qui relie entre elles sur plusieurs centaines de kilomètres la plupart des îles de l'aire Massim. La caractéristique la plus remarquable de la kula est la circulation simultanée, mais en sens inverse, de deux parures de coquillages, les colliers soulava qui vont dans le sens des aiguilles d'une montre et les brassards mwali qui voyagent dans la direction contraire. Ces deux objets parcourent le circuit tout entier en l'espace de deux à dix ans. Parallèlement à l'échange de ces objets cérémoniels, régi par des règles extrêmement précises et ritualisées et formant un système élaboré de[...]
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Écrit par
- Joël DUSUZEAU : ethnologue
Classification
Médias
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