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ÎLES

Le peuplement humain des îles

Aubert de La Rüe fait remarquer que les îles ont toujours exercé une certaine fascination sur les hommes, et qu' elles ont été très tôt colonisées par les habitants du continent. Très nombreuses sont les îles qui furent occupées dès la préhistoire. Dès le Paléolithique la Sicile fut peuplée par les Sicanes. Les Grecs fondèrent leurs premières colonies en Sicile vers le viiie siècle avant J.-C. Puis vint le tour des Phéniciens, des Carthaginois, suivis par les Romains. Presque toutes les îles méditerranéennes présentent une histoire comparable.

Bien différent est le peuplement des îles du Pacifique. Les grandes distances séparant îles et archipels, et l'isolement des terres au milieu des vastes étendues océaniques, confèrent des caractères spécifiques au peuplement de l'Océanie qui couvre 35 p. 100 de la surface de la Terre.

Le peuplement de l'Océanie se compose d'aborigènes australiens, de Mélanésiens et de Polynésiens. L'Australie étant un continent et non une île, il n'est pas nécessaire de s'attarder sur son peuplement. Rappelons seulement que le nombre des aborigènes était estimé à 300 000 individus avant l'arrivée des Blancs, qu'ils n'étaient plus qu'une cinquantaine de milliers dans les années 1960, qui marquent le bas de la courbe, avant que le recensement de 2001 ne mette en valeur la nouvelle et forte augmentation de leur population avec 401 000 représentants.

Mélanésiens et Papous sont installés dans les îles constituant la Mélanésie, ou îles des Noirs. On distingue parmi eux les Négritos, les Mélanésiens proprement dits et les Papous. Le troisième grand groupe est celui des Polynésiens. Ces derniers ont colonisé le secteur central et oriental du Pacifique sud. Les datations au carbone 14 placent cette occupation des îles entre — 2 500 et — 500 ans de notre ère. À l'arrivée des Européens, pratiquement tous les archipels et les îles de quelque importance étaient peuplés. La navigation pré-européenne dans le Pacifique avait atteint un rare degré de perfection, puisque ces navigateurs ont pu coloniser des îles séparées par plusieurs milliers de kilomètres : 3 200 kilomètres des Samoa à Tahiti, 4 000 kilomètres des Marquises à l'île de Pâques, minuscule point dans l'océan Pacifique.

Après cette grande phase d'expansion, les groupes connurent une longue période de consolidation dans les îles et archipels où ils s'étaient installés. Les horizons se rétrécirent aux limites de ces terres insulaires, chacune évoluant isolément. Mais c'est évidemment en Mélanésie, plus anciennement occupée, que l'endémisme est le plus évident, allant jusqu'à un émiettement linguistique et sociologique étonnant. On compte plusieurs centaines de langues en Nouvelle-Guinée et plus de quarante en Nouvelle-Calédonie !

La colonisation européenne, dans une première phase, a entraîné un recul démographique des populations indigènes. Massacres et guerres ont fait de nombreux morts parmi les insulaires. Mais les maladies importées par les Européens ont été beaucoup plus redoutables encore (rougeole, variole, coqueluche, choléra, grippe...). En outre, le contact avec les Européens s'est souvent accompagné d'un ébranlement psychologique se traduisant par un mal de vivre ou un refus de procréer. Enfin, la dernière cause importante de chute démographique des populations indigènes fut le travail forcé ou sous contrat auquel furent astreints les hommes. À la fin du xixe et au début du xxe siècle, l'effondrement démographique était spectaculaire. Les Nouvelles-Hébrides et les Salomon étaient passées de 180 000 habitants vers 1860 à moins de 100 000 habitants vers 1925. Les Marquises étaient tombées de 25 000 à 30 000 habitants vers 1840 à 2 255 au recensement de 1926.[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Bordeaux-III, fondateur du Centre d'études de géographie tropicale du C.N.R.S.
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Médias

Îles Aran - crédits : Atlantide Phototravel/ Corbis/ Getty Images

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