IMAGE ET CULTE. UNE HISTOIRE DE L'ART AVANT L'ÉPOQUE DE L'ART, Hans Belting Fiche de lecture
Dans son œuvre, partiellement traduite en français, Hans Belting (1935-2023) poursuit deux interrogations fondamentales, l'une sur l'histoire de la relation référentielle entre le corps et les images, l'autre sur l'histoire de l'art comme structure de représentation et mise en forme d'un discours spécialisé (Hans Belting, L'histoire de l'art est-elle finie ?, trad. franç. J.-F. Poirier et Y. Michaud, éd. Jacqueline Chambon, Nîmes, 1989). Professeur d'histoire de l'art et de théorie des médias à Karlsruhe, Hans Belting a occupé pour l'année 2002-2003 la chaire européenne du Collège de France. Son livreImage et culte, d'abord paru en Allemagne en 1990, puis traduit en France en 1998, fait la synthèse de ces deux questions en étudiant, depuis l'Antiquité chrétienne jusqu'au concile de Trente (1545), « un système parmi d'autres de compréhension et de reproduction symbolique du monde ».
Composé autour de quatre grandes articulations, l'ouvrage traite, en premier lieu, de ce que l'on peut appeler le passage à l'image dans l'Antiquité, païenne puis chrétienne, avant d'examiner le contrôle qu'exerça l'Église sur la production et la circulation des images dans cette longue durée historique de plus d'un millénaire, puis les changements profonds enregistrés aux xie-xiiie siècles, en Orient comme en Occident, et enfin la crise de l'image de religion. Trois arguments principaux sont développés dans cette synthèse magistrale sur les relations des hommes aux images.
Pourquoi une image chrétienne ?
La première situation historique de l'expérience humaine des images était celle du monde antique, où des images matérielles (des dieux, des héros) avaient été investies de contenus, produits par les représentations mentales des hommes et des femmes de l'époque. Dans les sociétés antiques, sur les rives de la Méditerranée, où s'est d'abord écrite cette histoire, les images avaient reçu des rôles que les communautés ne pouvaient pas assurer, avec leurs moyens propres, et qu'elles avaient ainsi transférés vers des forces extérieures, mais au sens figuré, afin de resserrer leur unité, voire leur identité, collective. Au iiie siècle, mais surtout à partir du vie siècle, la mutation que le christianisme introduisit consista principalement à faire vénérer les images en leur conférant un statut particulier, tant face à la communauté que face aux anciennes images de culte (Thomas F. Mathews, The Clash of Gods. AReinterpretation of Early Christian Art, Princeton University Press, 1993). Dès lors, ces nouvelles images reçurent une signification qui débordait leur forme et leur cadre, et qui était fondée en partie sur le dogme de l'Incarnation de Jésus-Christ. Dans cette nouvelle situation, l'institution de l'Église garantissait la relation référentielle entre le corps du Christ et les images.
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Écrit par
- Daniel RUSSO : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, ancien membre de l'École française de Rome, professeur d'histoire de l'art médiéval à l'université de Bourgogne
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Autres références
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BELTING HANS (1935-2023)
- Écrit par Daniel RUSSO
- 2 206 mots
...contemporains, il a composé le tableau, riche et varié, de l'expérience humaine des images, qu'elles soient cultuelles, privées ou, tout simplement, décoratives. Dans sa synthèse, parue en Allemagne en 1990, puis traduite en France en 1998, il a porté l'attention, pour chacun des cas étudiés, sur la situation historique...