IMAGINAIRE SOCIAL
Les imaginaires politiques
Le régime démocratique, en se fondant sur les dialogues et la diversité des opinions, ouvre aux imaginaires politiques une carrière indéfinie. La vivacité des débats, la nécessité de capter les électorats, l'inventivité individuelle se conjuguent pour provoquer une multiplication des analyses, des affirmations et des rêves utopiques, fournissant à l'imaginaire politique une scène en constant renouvellement. Toutefois, on peut distinguer, en deçà de ces changements, des continuités non perçues. Ainsi, un principe organisateur, telle la division entre droite et gauche, issue de l'occupation de l'espace lors des assemblées par les députés au cours de la Révolution de 1789, s'est maintenue comme un point de repère permanent des significations politiques. De même, des traumatismes puissants, tels ceux de la Seconde Guerre mondiale, ont marqué les imaginaires, fournissant à tous des points de repère conflictuels et des pôles affectifs opposés.
Ces imaginaires politiques ne sont pas seulement le propre des différents partis qui, dans les polémiques électorales, ne manquent pas d'affirmer et de renouveler leur imaginaire. Ils répondent aussi aux représentations collectives des différents groupes et catégories sociales qui composent l'électorat. Ainsi, face à des électeurs fortement influencés par les appartenances ethniques, l'imaginaire politique doit composer avec les représentations propres à chaque communauté, soit pour les assumer partiellement, soit, et le plus souvent, pour en ménager les croyances et les préjugés. Les imaginaires politiques constituent donc, inévitablement, un enjeu permanent de conflits symboliques. Les leaders politiques sont soucieux de représenter ou de ménager les rêves et les projets de leurs électeurs, mais ils doivent aussi rassembler des arguments tendant à invalider les imaginaires adverses, en souligner les incohérences, leur utopisme ou, éventuellement, les dangers qu'ils feraient courir à la majorité de la population. Ces constructions et déconstructions des représentations collectives accompagnent continûment les concurrences dans l'espace du politique.
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Écrit par
- Pierre ANSART : professeur émérite, université de Paris-VII-Denis-Diderot
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