IMITATION, psychologie
L’imitation : un instrument de communication
L’imitation est un processus d’appariement à une cible, une mise en correspondance entre le moi et l’autre. Elle pourrait donc fonctionner comme un instrument de socialisation et constituer un mode d’échange social que l’enfant utiliserait dans ses rapports avec l’adulte et ses pairs.
Initiées le plus souvent par l’adulte, les imitations précoces donnent lieu à des alternances qui constituent une des premières formes du dialogue. De la naissance à trois mois, les imitations synchrones cèdent la place aux « imitations de mémoire » qui rendent possible une alternance dans les émissions réciproques de l’adulte et de l’enfant. Les nouveau-nés fournissent en effet autant de réponses imitatives pendant les présentations du modèle que pendant les temps d’arrêt ; mais, au bout de quelque temps, les bébés imitent plus fréquemment pendant les temps d’arrêt.
Plus généralement, Meltzoff estime que l’imitation permet de comprendre les personnes. Elle permet de distinguer entre les personnes et les choses (animé / inanimé). Elle permettrait d’expliquer les phénomènes d’empathie précoce (le bébé fait ce que l’autre fait et ressent ce que l’autre ressent). Elle fournirait aussi un guide pour la compréhension interpersonnelle (« là il y a quelque chose comme moi »). L’équivalence établie entre le moi et l’autre permet à l’enfant de considérer son partenaire comme un agent porteur d’intentions. Vers quatorze mois, il a conscience d’être imité et il peut tester l’adulte : il interrompt ou modifie l’action que celui-ci est en train d’imiter et, à vingt et un mois environ, il reconnaît explicitement les imitations qui ont une intention communicative.
L’imitation immédiate et directe du partenaire semble jouer un rôle essentiel dans la genèse de la communication. Elle constitue un mode d’échange momentané mais prépondérant entre pairs au cours de la troisième année. Durant cette période, l’enfant commence à se différencier des autres sans y parvenir vraiment. Ses réactions sont « transitives ». Elles passent d’un pôle à l’autre de l’action sans distinguer fermement la cible et son auteur. L’imitation serait alors le moyen comportemental du transitivisme, c’est-à-dire d’un échange symétrique et direct entre l’enfant et son modèle. Cette imitation mobilise la fonction posturale : elle reproduit les gestes, les attitudes et les postures. Elle est activement orchestrée par les différents protagonistes et elle constitue un véritable dialogue « imiter-être imité », dans lequel les rôles ne sont pas figés. Par ailleurs, cette imitation immédiate du partenaire pourrait constituer le format du passage de la communication primaire et du partage émotionnel à la communication secondaire et codée. Vers quatre ans, elle disparaît sans retour, supplantée par le langage et les capacités métareprésentationnelles qui permettent à l’enfant d’imaginer les représentations mentales d’autrui. Il peut alors appréhender et manipuler, avec plus d’efficacité sans doute, les intentions de ses partenaires.
L’imitation immédiate cède alors la place aux imitations de rôles prestigieux dont l’enfant cherche à dépouiller les adultes qu’il admire et jalouse. Selon Wallon, ces imitations ne sont pas sans rapport avec les identifications qui participent à la construction de la personne.
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Écrit par
- André GUILLAIN : professeur émérite des Universités en psychologie
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