IMMUNITÉ INTESTINALE
Les muqueuses, au sens large du terme, regroupent les tissus cellulaires qui, en continuité de la peau, recouvrent les cavités de l’organisme, tube digestif, vagin, poumons en particulier. Les muqueuses agissent comme de réelles interfaces entre l’hôte et son environnement, en participant aux échanges de gaz dans les voies aériennes, à l’absorption des nutriments au sein du tractus intestinal, et en assurant des fonctions dans la reproduction pour ce qui est de l’appareil génital féminin. Outre leur rôle spécifique dans chaque organe, les muqueuses agissent toutes comme première ligne de défense vis-à-vis de potentiels agresseurs microbiens, fongiques ou viraux. Leur rôle ne se cantonne pas à l’élimination des pathogènes, les muqueuses permettant aussi le maintien de populations de bactéries, bénéfiques à l’hôte, ensemble que l’on désigne par le terme de microbiote. L’immunité dite mucosale regroupe ainsi tous les processus biologiques permettant aux muqueuses d’assurer leur rôle dans la défense de l’hôte, jouant ainsi un rôle crucial pour l’intégrité de l’organisme.
La muqueuse intestinale est un excellent modèle d’étude de l’immunité mucosale. Elle représente en effet la plus grande surface de contact (environ 200 mètres carrés chez l’homme) entre le corps et l’environnement de la lumière de l’intestin – ou milieu luminal –, très varié, constitué de nutriments, de populations de microorganismes formant un microbiote complexe, ainsi que de potentiels organismes pathogènes, incluant virus, parasites et certaines bactéries. L’étude des mécanismes cellulaires et moléculaires régissant la mise en place de l’immunité intestinale, ou, mieux, du maintien de l’équilibre entre les populations cellulaires du tube digestif (homéostasie) est une question d’une importance majeure. Les réponses apportées se répercutent directement sur de nombreux secteurs de la santé humaine. De manière plus précise, une des questions clés focalisant de nombreux efforts de recherche porte sur les mécanismes permettant de réguler finement le degré d’activation de ce type d’immunité. En effet, si l’absence ou l’inhibition de l’immunité mucosale peut conduire au déclenchement d’infections répétées par des pathogènes, son activation exacerbée et continue peut également favoriser la mise en place de situations pathologiques diverses comme la destruction de populations de bactéries bénéfiques à l’hôte au profit d’autres microbes (on parle de dysbiose) et d’une inflammation chronique, favorisant très probablement l’apparition de lésions cancéreuses.
Le domaine de l’immunité mucosale intestinale est complexe. La description des principaux acteurs cellulaires et des principaux concepts régissant cette immunité, débouche sur le rôle des cellules tuft dans la mise en place des réponses de défense du tube digestif. Elle met en évidence l’importance d’interactions insoupçonnées entre cellules et molécules dans le maintien de l’homéostasie du tractus digestif.
Organisation tissulaire de la muqueuse intestinale
L’immunité intestinale repose sur une organisation tissulaire fonctionnelle au sein de laquelle interviennent ses différents acteurs. L’intestin grêle et le côlon présentent une organisation générale commune, les deux étant formés de quatre ensembles concentriques de tissus, encore appelés tuniques : au-delà de la muqueuse intestinale en contact direct avec la lumière de l’intestin, on trouve successivement la sous-muqueuse, la musculeuse et enfin la séreuse. L’organisation de la muqueuse intestinale elle-même est classiquement divisée en trois compartiments histologiquement et fonctionnellement distincts : l’épithélium intestinal stricto sensu, en contact avec le contenu luminal, tapissant la lamina propria, le tout reposant sur la lamina muscularismucosae, une[...]
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Écrit par
- François GERBE : chargé de recherche CNRS, Institut de génomique fonctionnelle, Montpellier
- Emmanuelle SIDOT : docteure, postdoctorante, Kennedy Institute, Oxford University, Oxford (Royaume-uni)
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Autres références
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