IMMUNOLOGIE
L'immunologie est une science biologique qui étudie l'immunité. Le terme immunité provient du latin immunis qui désignait une exemption de charges, telles que services, impôts, etc. Elle doit son nom au fait que les premiers phénomènes immunitaires ont été observés par des bactériologistes qui constataient des effets de protection contre des infections. On a longtemps considéré et enseigné l'immunologie comme une branche de la bactériologie. Mais le développement rapide de nos connaissances, depuis la fin des années cinquante, et le fait que les phénomènes immunitaires n'ont pas nécessairement des effets protecteurs ont amené à considérer l'immunologie comme une branche scientifique indépendante.
La fin du xxe siècle a vu naître une conception nouvelle de la fonction immunitaire : celle-ci garantit, au niveau moléculaire, l'identité biologique par ailleurs forgée par l'équipement génétique individuel.
Le phénomène d'immunisation
Depuis fort longtemps on savait qu'une personne guérie de certaines maladies était protégée contre la répétition de ces maladies et, déjà avant notre ère, on pratiquait en Chine la variolisation pour prévenir la variole en inoculant à des personnes saines des produits de pustules de malades ayant une variole bénigne. Au milieu du xixe siècle, en Afrique centrale, on protégeait contre les morsures de serpents en inoculant un broyat de têtes de serpents et d'œufs de fourmis. On peut citer aussi le cas du roi grec Mithridate qui, afin de se protéger contre les poisons, en absorbait de petites quantités. En 1721, lady M. Wortley Montagu, femme de l'ambassadeur anglais en Turquie, ayant vu pratiquer la variolisation en Asie Mineure, l'a introduite en Angleterre. Mais cette méthode de protection n'était pas sans danger et pouvait provoquer des infections graves. Le médecin anglais Jenner (1749-1823) avait observé que les personnes ayant été atteintes par la variole bovine étaient protégées contre la variole humaine. En 1796, il a introduit la vaccination en inoculant des prélèvements de pustules de bovins. Ce procédé, plusieurs fois amélioré, a été utilisé contre la variole. D'après l'Organisation mondiale de la santé, cette maladie aurait actuellement disparu dans le monde entier, grâce à des vaccinations de masse. La vaccination est restée longtemps assez empirique, et ce n'est qu'à la fin du xixe siècle que des études et des observations immunologiques scientifiques ont été faites. C'est en 1878 que Pasteur (1822-1895) constata qu'en inoculant à des poules une vieille culture de Pasteurella ayant perdu sa virulence, elles étaient protégées contre l'inoculation d'une culture virulente. L'idée que des souches atténuées peuvent servir à la protection a été confirmée par Pasteur en 1881 avec ses études sur la maladie du charbon chez le mouton. Il a ainsi introduit l'emploi de souches atténuées pour induire une protection contre des infections microbiennes ou virales, et il a conservé le terme vaccination en l'honneur de Jenner pour toutes ses immunisations. Les résultats obtenus par Pasteur, bien que parfois très fortement critiqués, ont provoqué un développement de recherches sur l'immunité. Ainsi, par exemple, en 1888, Richet et Héricourt, en recherchant le mécanisme induit par l'injection de staphylocoques, ont constaté que le sang des animaux traités avait un certain effet protecteur. L'année suivante, Charrin et Roger ont observé que le sérum d'un animal ayant été immunisé par l'injection d'un microbe agglutine une suspension de ce microbe. La même année, Pfeiffer a montré la spécificité de l'effet protecteur : il n'agit que contre le microbe vis-à-vis duquel l'animal a été immunisé.
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Écrit par
- Joseph ALOUF : membre titulaire de l'Académie nationale de pharmacie, professeur honoraire à l'Institut Pasteur, Paris, directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., professeur à l'Institut Pasteur de Lille
- Pierre GRABAR : membre de l'Académie de médecine, directeur honoraire de l'Institut de recherche sur le cancer du C.N.R.S, Villejuif, professeur honoraire à l'Institut Pasteur
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