IMPACT MÉTÉORITIQUE DE LA LIMITE CRÉTACÉ-PALÉOGÈNE
Une hypothèse d’abord objet de vifs débats
Le groupe de chercheurs de Berkeley alla plus loin en supposant que ce gigantesque impact météoritique était aussi la cause de la grande phase d'extinctions qui caractérise la limite Crétacé-Paléogène. C'est en effet à cette époque que disparaissent les dinosaures et de nombreux autres groupes d'organismes très divers, sur les continents comme dans les océans. On estime qu'environ 70 % des espèces qui vivaient alors disparurent au cours de cette crise biologique. Le mécanisme invoqué – appelé parfois hiver d’impact – impliquait que la masse énorme de poussière injectée lors de l'impact dans l'atmosphère, jusque dans la stratosphère, avait bloqué les rayons du Soleil, plongeant ainsi la surface du globe dans une obscurité assez profonde pour avoir stoppé la photosynthèse, provoquant un effondrement des chaînes alimentaires, responsable à son tour de l'extinction de très nombreuses espèces.
Cette hypothèse proposait une explication plausible à l'énigme de la disparition des dinosaures et de nombre de leurs contemporains. Elle suscita néanmoins de très vives controverses au sein de la communauté scientifique. Si les physiciens et les astronomes l'accueillirent plutôt favorablement, beaucoup de géologues et de paléontologues se montrèrent extrêmement sceptiques face à une théorie ouvertement catastrophiste. Celle-ci venait battre en brèche le dogme « uniformitariste » qui dominait les sciences de la Terre depuis le xixe siècle. Il était en effet considéré comme acquis que seuls des événements lents et graduels avaient joué un rôle dans l'évolution de la planète Terre et de ses habitants. L'hypothèse de l'impact météoritique allait à l'encontre de ce principe, et les réactions d'hostilité à son égard furent nombreuses – même si le fait que la Terre soit occasionnellement heurtée par de grosses météorites n'a rien de surprenant au vu des innombrables traces d'impacts météoritiques sur d'autres corps du système solaire, à commencer par la Lune.
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Écrit par
- Eric BUFFETAUT : directeur de recherche émérite au CNRS
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Médias