- 1. Des origines mythiques
- 2. Une histoire mouvementée
- 3. Une société très hiérarchisée
- 4. La gestion des terres
- 5. Les chefferies et leur organisation
- 6. L'organisation de l'État inca
- 7. L'Inca et le pouvoir
- 8. Une administration très centralisée
- 9. Le pouvoir provincial
- 10. Le siège du pouvoir : Cuzco
- 11. Les arts et le savoir
- 12. Bibliographie
INCAS
Les arts et le savoir
Les Incas innovèrent peu dans le domaine des arts, recueillant plutôt l'héritage des civilisations passées. Ils se sont toutefois montrés d'excellents astronomes, pour établir notamment un calendrier précis des activités agropastorales. L'année était divisée en douze mois lunaires, ponctués par diverses activités rituelles. La littérature, la poésie, la musique et la danse, taki, étaient intimement mêlées pour exprimer les épopées, les hymnes religieux ou les odes, profondément enracinés dans la culture inca.
L'apport des Incas est surtout marqué par la construction d'agglomérations (Cuzco, Pisac, Chincheros) et d'innombrables ouvrages de génie civil : routes, ponts, barrages, canaux, terrasses agricoles, destinés à imposer et à maintenir l'ordre dans les provinces conquises. Ces agglomérations, parfaitement planifiées, étaient à la fois des centres administratifs (Huanuco Pampa), militaires (Sacsawaman, Paramonga) et cérémoniels (Vilcaswaman), rarement occupés par une population nombreuse et stable.
Les Incas développèrent également l'art de la maçonnerie, préférant la pierre à tout autre matériau, assurant ainsi à leurs édifices une grande pérennité. Temples et palais étaient généralement construits sur un seul niveau, à partir d'une base rectangulaire. Ils étaient faits d'assemblages dits cyclopéens, où la jonction de certains blocs avec d'autres ne laisse pas le moindre interstice. Leur décoration se caractérisait surtout par la forme trapézoïdale donnée aux ouvertures : portes à simple ou double montants, fenêtres et niches décorant l'intérieur des murs. Paradoxalement, tous ces ouvrages de maçonnerie ne recevaient que des couvertures de paille, reposant sur une charpente de bois rudimentaire, bien que la fausse voûte soit connue et utilisée. L'habitat rural était en brique de torchis.
La sculpture a été peu pratiquée par les Incas, à l'exception de certaines roches gravées à caractère sacré (Sawite, Quenco, Pisac, Machu Picchu ou Samaipata en Bolivie), éparpillées à travers le territoire, et qui représentent des figures en escaliers, des cavités : perrons, trônes, sièges ou des animaux (pumas et serpents stylisés).
La poterie inca était extrêmement simple, tant dans ses formes que dans sa décoration, mais toujours réalisée en grande quantité. La forme la plus caractéristique est l'aryballe, avec de nombreuses variantes. On trouve également des cruches, des marmites, avec ou sans couvercle, des jarres à long col, des plats ou des coupes, kerus. Leur décoration, très variée, représente des aspects de la nature, stylisés au moyen d'une palette allant du rouge au noir et aux nombreux motifs géométriques : losanges, damiers, zigzags, dentelures, croix. Les dessins les plus figuratifs sont caractérisés par la stylisation de la fougère et les représentations animales : lamas, poissons, insectes, oiseaux.
Les Incas se sont aussi montrés très habiles dans le travail du bois, et notamment dans la fabrication de coupes, ou kerus, richement peintes. Ils ont également utilisé les métaux (cuivre et bronze) de façon presque industrielle pour confectionner des instruments d'usage courant : haches, couteaux, tupos (épingles) ou masses d'armes étoilées. L'orfèvrerie se caractérise par le travail de l'argent et de l'or, martelé et estompé à partir de feuilles de métal, pour l'obtention de bijoux destinés à la classe supérieure, et souvent à des fins sacrées. Elle est fortement influencée par les maîtres artisans Chimu, ramenés au Cuzco par les Incas après la conquête de leur territoire.
Le tissage revêtait une importance économique et sociale considérable, car il entrait, comme d'autres activités, dans un cadre étroitement réglementé qui visait à une production massive. Tout événement[...]
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Écrit par
- Patrice LECOQ : maître de conférences en archéologie andine à l'université de Paris-I
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Médias
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