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INCAS

La gestion des terres

Chaque ayllu possédait également un terroir ou marka, dont les terres agricoles étaient exploitées collectivement, alors que les pâturages demeuraient individuels. La garde des troupeaux était confiée aux enfants ou aux adolescents. L'économie pastorale se fondait sur l'élevage, notamment celui des camélidés, lama et alpaga, qui fournissaient la viande, parfois sous forme de charqui (séchée et salée), ou la laine. La peau servait à la confection de sandales ou de sacs, les os à la fabrication d'outils divers : aiguilles ou flûtes, et les excréments, taquia, constituaient un excellent combustible. Le lama, seul animal de bât connu dans les Andes, servait au transport des marchandises et au ravitaillement des villes.

Les terres de culture étaient distribuées par lots, entre les différentes familles de l'ayllu. Chaque famille disposait de parcelles situées dans divers étages écologiques, contrôlées par l'ayllu, leur permettant d'obtenir une grande variété de produits. Sur les hauts plateaux étaient cultivées des céréales, comme le quinua ou la cañagua, et d'innombrables espèces de pomme de terre. Déshydratées, sous la forme de chuño, elles étaient faciles à transporter et à conserver. Le maïs, bouilli, grillé ou réduit en farine, entrait dans l'alimentation quotidienne. Celle-ci se composait généralement de soupes et de brouets, de tubercules, agrémentées de viande de lama, de cochon d'Inde ou de chien. Le maïs servait également à l'élaboration de la bière ou chicha, consommée à l'occasion des fêtes, et la farine qui en été extraite entrait dans la composition des offrandes et des sacrifices. Les oasis côtières offraient un large éventail de denrées : courge, haricot, piment, avocat, patate douce, manioc, arachide, poissons séchés, algues. On y prélevait aussi des matières premières comme le coton pour le tissage, le bois pour la construction et la confection de divers objets, ou le guano pour servir d'engrais. Certains coquillages, tel le spondyle, étaient utilisés pour le culte. D'autres produits, plus rares, comme le miel, le bois dur de palme, chonta, et les plumes de certains oiseaux tropicaux provenaient de la forêt amazonienne. La coca était réservée à l'élite dominante qui la redistribuait aux membres de son ayllu comme un bien de prestige ; elle servait alors de stimulant, pour tromper la faim ou la fatigue, mais aussi d'offrande aux divinités ou d'instrument de divination.

Cultures en terrasses, Pérou - crédits : De Agostini/ Getty Images

Cultures en terrasses, Pérou

D'innombrables terrasses, disposées à flanc de montagne, et irriguées à l'aide d'un vaste réseau de canaux, permettaient de cultiver la moindre parcelle de terre arable, tout en minimisant l'érosion. Les zones inondables ou marécageuses, propices à l'agriculture, étaient également exploitées à l'aide d'ados, où alternaient des terrains creusés (sillons ou canaux) avec d'autres surélevés au-dessus du niveau de l'eau, grâce à la terre retirée des premières.

La superficie des parcelles cultivées : le tupu, variait en fonction de la qualité du sol et de la durée des jachères, mais elle devait suffire à nourrir une personne. Sur ces terrains accidentés, les travaux agricoles s'effectuaient généralement à l'aide de houe, lakwash, ou d'un bâton à fouir recourbé, le chaquitaclla, muni d'un repose-pied et terminé par une pointe en bois, en pierre ou en bronze. Les familles s'aidaient mutuellement par des prestations de travail appelées ayni ou minka. D'autres formes d'assistance intervenaient au bénéfice des veuves, des malades ou des vieillards qui ne pouvaient pas cultiver leurs terres.

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Écrit par

  • : maître de conférences en archéologie andine à l'université de Paris-I

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Cultures en terrasses, Pérou - crédits : De Agostini/ Getty Images

Cultures en terrasses, Pérou

Figurine de lama - crédits :  Bridgeman Images

Figurine de lama

Statuette d'une concubine de l'Inca - crédits : W. Forman/ AKG-images

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