- 1. Des origines mythiques
- 2. Une histoire mouvementée
- 3. Une société très hiérarchisée
- 4. La gestion des terres
- 5. Les chefferies et leur organisation
- 6. L'organisation de l'État inca
- 7. L'Inca et le pouvoir
- 8. Une administration très centralisée
- 9. Le pouvoir provincial
- 10. Le siège du pouvoir : Cuzco
- 11. Les arts et le savoir
- 12. Bibliographie
INCAS
L'organisation de l'État inca
L'émergence de l'État inca contribua à restructurer l'organisation traditionnelle de la société andine. Cet État s'organisait depuis sa capitale, Cuzco, en un système territorial et administratif quadripartite, appelé Tawantinsuyu, l'empire des Quatre Directions, qui comprenait le Chinchasuyu au nord, le Continsuyu à l'ouest, le Collasuyu au sud et l'Antisuyu à l'est. Chacune de ces sections était divisée, à son tour, en unités de 10 000 familles qui étaient subdivisées en unités de 1 000, de 100 et de 10 familles.
D'une certaine façon, l'Empire inca se présentait donc comme l'intégrateur de l'ordre social traditionnel, qui opérait la synthèse de l'organisation pyramidale et segmentaire des ethnies sur lesquelles il reposait. Il prolongeait et coiffait les structures de chefferies, qui fonctionnaient de même avec les ayllus. Le curaca de chaque chefferie devait allégeance à l'Inca et au culte solaire qu'il représentait.
Les terres de chaque communauté et certains de leurs animaux étaient également répartis en trois parts : une pour l'ayllu, exploitées selon le système traditionnel, une pour l'État et l'Inca qui le représentait – les derniers Incas possédaient d'immenses domaines, tels Machu Picchu ou Choqek'iraw – et une pour le culte du Soleil. Les revenus de ces terres étaient alloués à la célébration des fêtes.
Versés à l'État sous forme de tributs, les excédents agricoles ou pastoraux servaient à l'entretien des fonctionnaires ou des armées, mais pouvaient aussi être redistribués à la population en cas de famine, ou de toute autre calamité, dans le cadre de la réciprocité liant l'Inca aux individus de chaque communauté. En échange, les individus étaient requis par l'État pour la réalisation de travaux d'intérêt collectif, comme l'entretien des routes, des ponts, des canaux d'irrigation et le travail des mines.
L'Inca pratiquait également, de façon systématique, une politique de migration forcée, celle du mitimae. Il transférait un groupe de population, parfois une tribu entière, de son pays d'origine à une région éloignée. Ce moyen permettait souvent de pacifier certaines régions insoumises en les vidant de leur population ou en y introduisant des colons. Cette politique était donc un facteur particulièrement efficace d'amalgame de populations, dans une mosaïque complexe de cultures et d'ethnies. L'État encouragea également l'expansion de groupes serviles, ou yana, qui relevaient exclusivement de l'empereur ou des personnes de rang élevé, tels que de hauts fonctionnaires ou des chefs de guerre. Ces personnages serviles, et dégagés de tout lien ethnique, conservaient néanmoins le droit de détenir des terres et de posséder des biens et du bétail. Leur condition était héréditaire, mais ne se transmettait qu'à un seul de leur enfant, sélectionné par leur maître, pour les remplacer à leur mort.
Le pouvoir prélevait également de très jeunes filles. Ces « femmes choisies », ou aqlla, étaient enfermées dans les monastères du Soleil où elles faisaient leur éducation sous la tutelle de femmes plus âgées. Après leur puberté, les unes étaient prises pour épouses subsidiaires par l'empereur, les autres étaient données en mariage aux fidèles serviteurs de l'Inca. Celles qui restaient dans le monastère passaient leur vie au service du culte solaire, en filant et en tissant la laine des troupeaux du Soleil. Ces monastères, qui pouvaient réunir jusqu'à 2 000 aqlla, étaient de véritables ateliers textiles produisant toutes sortes d'étoffes et de vêtements.
Un vaste réseau de routes, le Qhapaq Nan, élément essentiel de la stratégie expansionniste inca, quadrillait le pays, sur quelques[...]
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Écrit par
- Patrice LECOQ : maître de conférences en archéologie andine à l'université de Paris-I
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