- 1. Des origines mythiques
- 2. Une histoire mouvementée
- 3. Une société très hiérarchisée
- 4. La gestion des terres
- 5. Les chefferies et leur organisation
- 6. L'organisation de l'État inca
- 7. L'Inca et le pouvoir
- 8. Une administration très centralisée
- 9. Le pouvoir provincial
- 10. Le siège du pouvoir : Cuzco
- 11. Les arts et le savoir
- 12. Bibliographie
INCAS
L'Inca et le pouvoir
Les sources sont contradictoires quant à l'organisation du pouvoir. On admet généralement que le pouvoir du Tawantinsuyu était exercé par le Sapa Inca, l'« Unique Inca », que l'on traduit généralement par empereur, qui régnait en souverain absolu depuis Cuzco, sa capitale. Le pouvoir, amorcé par Manca Capac, l'ancêtre fondateur du lignage inca, s'était transmis tout d'abord aux Incas de la moitié d'« En-Bas », pour ensuite passer aux Incas de la moitié d'« En-Haut », à partir du règne d'Inca Roca (1348-1378).
Certains auteurs suggèrent néanmoins que, en raison de son organisation duale, la société inca aurait pu être dirigée simultanément par deux, voire trois, grands chefs, qui formaient un pouvoir unique. Le plus respecté, le Sapa Inca, régnait sur la moitié d'« En-Haut », mais devait également diriger la vie sociale, politique et économique de l'Empire. Le second, qui était parfois associé au frère de l'Inca, régissait la moitié d'« En-Bas », et était chargé des affaires religieuses, dont il occupait le rang le plus élevé, en dirigeant le culte solaire, mais en exerçant aussi une énorme influence sur les affaires de l'État. Chacun d'eux se reconnaissait aux ornements, symboles de son pouvoir, qui étaient divinisés. Le Sapa Inca arborait fièrement le mascaipacha, bandeau royal en plumes, et le púyllu, sorte de couvre-chef en plumes, symboles du gouvernement en qualité de « fils du Soleil », ainsi que le sceptre yauri, et le trône d'or, ushnu, utilisé lors des actes publics. Le second Inca portait, quant à lui, un disque différent et une tunique blanche qui le recouvrait complètement.
L'investiture que le Sapa Inca recevait du grand prêtre en faisait le fils du Soleil, et le médiateur privilégié dans les relations entre l'au-delà et le monde. Un tel culte solaire, propre aux Incas, avait vraisemblablement été imposé par l'Inca Roca, avant de devenir la religion de l'État. Se considérant comme le fils du Soleil, descendant de son ancêtre légendaire, Manco Capac, fondateur de la lignée, l'empereur ne reconnaissait pas ses parents ; il épousait une sœur, censée être la fille de la Lune qui devenait sa femme principale ou Coya. En théorie, il n'avait donc pas de prédécesseurs, et s'il avait des descendants, ces derniers ne pouvaient pas officiellement lui succéder. La fin de chaque règne ouvrait donc une période d'anarchie, où les fils de l'empereur défunt et les différents membres de la famille entraient en lutte acharnée pour remporter le pouvoir.
Résidant à Cuzco, le Sapa Inca exerçait une autorité absolue, et ses sujets ne pouvaient l'approcher que les yeux baissés ou en portant une charge sur la tête en signe d'humilité. Face à ses interlocuteurs, l'Inca affectait de ne pas les regarder, et ne s'adressait à eux qu'au moyen d'intermédiaires. Lorsqu'il se déplaçait, c'est dans une somptueuse litière, portée à dos d'homme et précédée d'une importante escorte armée.
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Écrit par
- Patrice LECOQ : maître de conférences en archéologie andine à l'université de Paris-I
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