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INCONSCIENT

L'exil de Freud - crédits : Keystone/ Getty Images

L'exil de Freud

Dans un article paru en 1917, Freud compare la révolution provoquée par la psychanalyse à celles de Copernic et de Darwin. De même que la Terre ne peut plus être considérée comme le centre de l'univers et que l'homme apparaît tard venu dans la lignée animale, de même le moi conscient n'est plus le maître dans sa propre maison. Après une première humiliation dans l'ordre cosmologique et une seconde dans l'ordre biologique, l'homme se voit infligé une troisième humiliation qui l'atteint dans son psychisme même. Par sa découverte de l'inconscient, Freud marque, en effet, que nous sommes mus, dans la plupart de nos actions, non par les mobiles que nous croyons consciemment être les nôtres, mais par d'autres que nous ignorons et qu'en tout état de cause nous ne pouvons connaître que partiellement.

L'acceptation de la réalité de l'inconscient rencontre donc une difficulté propre. L'admettre, c'est en effet déjà renoncer pour soi-même à la prétendue maîtrise de ses actes, à la toute-puissance de la lucidité et du vouloir. « J'ai acquis l'impression, écrit Freud, de ce que la théorie de l'inconscient se heurtait principalement à des résistances d'ordre affectif qui s'expliquent par ce fait que personne ne veut connaître son inconscient, et partant trouve plus expédient d'en nier tout simplement la possibilité » (Le Mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient). Ce n'est d'ailleurs pas parce que la psychanalyse a été vulgarisée que le problème a perdu de son acuité. Nombreux sont aujourd'hui les psychiatres ou les philosophes qui, tout en acceptant verbalement l'existence de l'inconscient, en nient pratiquement par leurs explications le caractère insolite et scandaleux ; c'est-à-dire qu'ils le rejettent, car il faut bien toujours à leurs yeux que la conscience reprenne ses droits sous peine de voir s'écrouler leur propre univers de pensée.

Pour respecter l'originalité de la découverte freudienne et pour tenter de la faire échapper aux glissements inévitables qu'elle subit, le mieux est de serrer au plus près le texte de Freud, car son œuvre reste pour la psychanalyse le lieu à partir duquel se reforme ou se déforme la juste compréhension de l'inconscient.

La découverte freudienne

De l'hypnose à l'association libre

Séance d'hypnose - crédits : AKG-images

Séance d'hypnose

C'est d'abord à travers la pratique de l'hypnose (1887) que se révèle à Freud l'impossibilité d'identifier psychique et conscient. Lorsque des ordres sont donnés à un sujet hypnotisé et qu'il s'y soumet après son réveil, c'est bien la preuve que la parole du médecin a mis en branle un certain nombre de mécanismes sans que le malade en sache rien. Quelque chose qui échappe totalement à la conscience entre donc ici en jeu et produit des effets. Bien plus, lorsqu'un malade, une hystérique par exemple, est interrogé sous hypnose sur les causes de son mal, il peut évoquer certains événements traumatiques, origine des symptômes, et se trouver par là guéri, bien qu'il ne se souvienne plus d'avoir parlé lorsqu'il se réveille. On est donc ici en présence de processus psychiques inconscients dont la réalité est rendue suffisamment manifeste par leur efficacité.

Le fait qu'ils soient liés à la parole conduit Freud, à partir d'expériences que lui communique Josef Breuer (1893), à abandonner l'hypnose dont les résultats se révèlent souvent peu durables et à mettre au point une nouvelle méthode, celle de l'association libre. On demande au malade de dire tout ce qui lui vient à l'esprit sans choisir, sans rien cacher, sans faire intervenir son jugement critique ; bientôt apparaissent des événements totalement oubliés et dont il était incapable de se souvenir lorsque sa conscience était vigilante.[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université Paris-VI, chef du service de neurologie à l'hôpital de la Salpêtrière
  • : psychiatre et psychanalyste, attachée à l'hôpital de la Salpêtrière, chargée de cours à l'université de Paris-VII
  • : diplômé de psychopathologie, psychanalyste

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L'exil de Freud - crédits : Keystone/ Getty Images

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