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INDE (Arts et culture) L'art

L'art indien a fourni une contribution importante et originale au patrimoine artistique de l'humanité.

Contribution importante par la persistance, jusqu'à l'époque contemporaine, d'une tradition dont les manifestations matérielles n'apparaissent guère avant le iiie siècle avant l'ère chrétienne, mais qu'on ne peut pas plus dissocier de la civilisation « de l'Indus », brillant préambule à l'histoire de l'Inde, que de l'ordre culturel constitué par les Aryens autour des Veda.

Importante aussi par l'immensité de l'aire qu'intéresse le développement de l'art indien. Mûri sur le subcontinent indo-pakistanais, son esthétique a rayonné à travers « les trois quarts de l'Asie » – depuis la mer d'Aral et les oasis de la « route de la soie », au nord, jusqu'à la péninsule indochinoise et l'Indonésie, au sud-est – tandis que s'y répandaient, pacifiquement, le bouddhisme et l'hindouisme. Les écoles extra-indiennes, attestées par des documents archéologiques de plus en plus abondants à partir du ive, ve ou vie siècle, suivant les régions, s'individualisèrent rapidement sans toutefois rompre leurs liens avec la métropole intellectuelle. Elles s'éteignirent lorsque, d'un côté, s'imposa l'islam (viiie-xe s.) et que, de l'autre côté, les États indianisés se disloquèrent sous l'action indirecte de l'expansion chinoise vers le sud (à partir du xiiie s.).

Contribution originale, puisque cet art à travers ses mutations successives demeura fidèle à des valeurs inconcevables hors du cadre de l'indianité. Fruit d'un perpétuel brassage d'influences, il illustra à merveille un trait foncièrement indien : les éléments étrangers – déferlant en vagues successives sur le subcontinent depuis l'aube de l'histoire par les passes du nord-ouest qu'avaient déjà empruntées les Aryens au IIe millénaire avant l'ère chrétienne – furent assimilés à tour de rôle et enrichirent, sans altérer sa saveur, la substance originelle. Cette capacité d'intégration, que l'étude de la plastique indienne met à chaque instant en évidence, n'est pas moins remarquable que la faculté d'adaptation dont témoigna cet art partout où il s'implanta en même temps que la culture sanskrite.

Mus par des considérations essentiellement religieuses, maîtres et ouvriers élaborèrent un art « total » où toutes les disciplines étaient rigoureusement dépendantes les unes des autres. La sculpture, néanmoins, acquit au niveau de la réalisation une place éminente, prééminente même, au point que certains temples sont conçus comme de colossales rondes-bosses. La sculpture est le miroir de l'Inde : les reflets de ses croyances, de ses spéculations et de la vie de son peuple s'y mêlent harmonieusement ; aussi demeure-t-elle une mine inépuisable d'informations sur le passé.

Faute d'un nombre suffisant de monuments datés avec précision par des épigraphes, c'est en grande partie sur l'examen du bas-relief narratif ou décoratif que se fonde l'établissement d'une chronologie relative à laquelle reste soumise l'histoire de l'art indien. De l'analyse des motifs architectoniques et ornementaux, des costumes et des parures, de la morphologie des personnages, notamment, se dégagent des observations sur leur évolution, que recoupent d'autres observations appliquées au plan des édifices, à leur développement, à l'iconographie, etc. S'il est assez nourri, le faisceau d'évidences autorise à assigner à l'œuvre étudiée une situation qui a quelques chances d'être vraisemblable à l'intérieur d'une séquence, pour peu que la confrontation avec un spécimen daté se révèle positive. Cette méthode, qui se veut aussi objective que possible, exige la remise en question des résultats obtenus dès qu'un[...]

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Mahabharata, enluminure moghole - crédits : P. Chandra

Mahabharata, enluminure moghole

Assemblage d'une balustrade de stupa - crédits : Encyclopædia Universalis France

Assemblage d'une balustrade de stupa

Femme avec bijoux, Madhya Pradesh, Inde - crédits : J.-L. Nou/ AKG-images

Femme avec bijoux, Madhya Pradesh, Inde

Autres références

  • INDE (Arts et culture) - Les mathématiques

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    • 3 médias

    On traitera ici des pratiques et pensées mathématiques qui ont eu cours dans le sous-continent indien – en « Asie du Sud », comme on dit communément dans les pays anglo-saxons –, puisque l’aire géographique concernée couvre tout autant l’Inde que le Pakistan, le Bangladesh, le Bhoutan et l’île de Ceylan...