INDE (Arts et culture) L'art
Histoire des arts indiens
Préambule
Les cultures du Béloutchistan et la civilisation de l'Indus
En 1921-1922 débutèrent dans le bassin de l'Indus, aujourd'hui au Pakistan, les fouilles des vestiges de deux vastes métropoles, Harappā au Pañjāb et Mohenjo-Daro au Sindh, qui révélèrent l'existence d'une brillante civilisation du bronze, dont l'apogée dut se situer entre 2500 et 2000 environ avant J.-C. En Inde furent dégagés progressivement, à partir de 1954-1955 et de 1960-1961, les restes de deux cités parfaitement rattachées aux précédentes par l'urbanisme et l'industrie : Lothal proche du golfe de Cambay et Kalibangan au Rājasthān. En vérité l'activité archéologique des deux côtés de la frontière indo-pakistanaise depuis la « Partition » (1947) a fait connaître quelque quarante sites apparentés. Les témoins matériels de la civilisation dite de l'Indus ou de Harappā se rencontrent depuis le Pañjāb et la région de Delhi au nord (point le plus septentrional : Rupār) jusqu'à la côte de Mekrān et le Gujarāt au sud. L'extension géographique de cette civilisation était donc considérable. De maints traits communs à ses établissements (principes d'urbanisme, typologie de l'outillage, poteries, mesures pondérales et linéaires unifiées) il ressort, en dépit des distances considérables entre les situations extrêmes, qu'elle coexista pendant sa période de maturité avec une structure économico-administrative stable. La découverte, en 1975, d'un établissement de colonie indusienne au nord-est de l'Afghanistan, fondé vraisemblablement en vue d'un contrôle des gisements métallifères et de la production de lapis-lazuli du Badakshan et de l'acheminement des matières précieuses vers les centres urbains de la vallée de l'Indus, ne fait que renforcer cette assertion. Par ailleurs il est prouvé que des relations commerciales par voie maritime existaient entre l'actuel Pakistan du Sud et la Mésopotamie.
De quelle dynamique culturelle la civilisation de l'Indus a-t-elle procédé ? L'étude des récipients de céramique exhumés en des sites dispersés à l'intérieur d'une zone donnée – inscrite dans un arc de cercle allant de la mer Caspienne à la mer d'Oman et au voisinage de l'embouchure de l'Indus – a fait apparaître des séquences grâce auxquelles on crut distinguer en même temps que les caractéristiques de cultures villageoises originales un courant d'influence lié peut-être à un mouvement migratoire d'ouest en est amorcé probablement dès le début du ve millénaire. Cette céramique reflète en effet, en les adaptant, les styles iraniens. À titre d'exemple : vers 2500, à l'apogée de l'activité de Mundigak (région de Kandahār, Afghanistan), localité ayant livré une « échelle » de comparaison depuis 3500, ainsi que dans la production de Kullī (Béloutchistan pakistanais), on remarque, comme dans le style II de Suse, des animaux travestis en figures géométriques, pour ne parler que du décor. Mais le bovidé cher au monde indien tend à supplanter le capridé iranien, et la feuille du « pipal », arbre vénéré dans le brahmanisme, est déjà à l'honneur. Amri et Kot-Diji (Sindh) se rattachent d'abord aux sites susmentionnés puis à ceux qui illustrent la civilisation indusienne. Amri présente deux types caractéristiques de décor : l'un à bandes brunes ou violettes (2700-2500), et l'autre, légèrement plus tardif, à cercles sécants et à écailles, qui allait avoir la faveur des potiers de Mohenjo-Daro. En marge du groupe formé par des gisements où prédominait la poterie claire – ceux de Togau, de Quetta, s'ajoutant aux précédents –, la vallée du Zhob (nord du Béloutchistan) produisait une poterie rouge. À Rānā Ghundai, les couches moyennes[...]
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Écrit par
- Raïssa BRÉGEAT : historienne de l'art et du cinéma indien
- Marie-Thérèse de MALLMANN : maitre de recherche au C.N.R.S., chargée de mission des Musées nationaux
- Rita RÉGNIER : chargée de recherche au CNRS, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
Classification
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Autres références
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- Écrit par Agathe KELLER
- 5 429 mots
- 3 médias
On traitera ici des pratiques et pensées mathématiques qui ont eu cours dans le sous-continent indien – en « Asie du Sud », comme on dit communément dans les pays anglo-saxons –, puisque l’aire géographique concernée couvre tout autant l’Inde que le Pakistan, le Bangladesh, le Bhoutan et l’île de Ceylan...