INDE (Arts et culture) L'art
L'iconographie indienne
Codifiée par de nombreux textes, dont certains remontent à une date avoisinant les débuts de notre ère, l'iconographie indienne obéit à des règles extrêmement précises, encore en usage de nos jours. Avec la diffusion des grandes religions – brahmanisme puis hindouisme, et bouddhisme –, cette iconographie a débordé les frontières de l'Inde et a été illustrée en Asie du Sud-Est, en Asie centrale et dans les régions himalayennes. En outre, l'iconographie bouddhique s'est transmise à la Chine, à la Corée et au Japon. La rencontre des religions indiennes et des traditions locales a parfois suscité des modifications iconographiques, dont il ne sera pas possible de traiter ici.
Généralités
Il importe tout d'abord de rappeler que, l'iconographie indienne reflétant toujours des notions religieuses ou philosophiques, aucun détail n'en est gratuit. Mensurations, couleurs, gestes, attitudes, expressions de physionomie, etc., doivent donc être exécutés avec une fidélité scrupuleuse aux indications des textes, sous peine de voir se muer en force maléfique la puissance de la divinité que l'on cherche à se rendre favorable en l'évoquant ou en la représentant. D'autre part, il convient également de dissiper une équivoque au sujet du pseudo-« érotisme sacré » : les images de couples divins enlacés correspondent, elles aussi, à des notions métaphysiques : dans l' hindouisme, l'« union des principes cosmiques » – l'Esprit (puruṣa) et la Matière (prakṛti) – fondement de toute création ; dans le bouddhisme, l'union du Moyen (upāya) et de la Connaissance (prajñā), qui a pour fruit l'Éveil ou Illumination (bodhi).
Quelle que soit la religion à laquelle elle se rapporte (hindouisme, bouddhisme, jaïnisme), l'iconographie indienne obéit à un certain nombre de conventions générales, consignées dans les textes.
La hiérarchie canonique ou iconométrie
Les mensurations des divinités sont rigoureusement codifiées. Lorsqu'on les représente en groupe, leurs tailles respectives suivent un ordre décroissant, proportionnel au degré d'importance qu'elles occupent dans le panthéon.
Types
Ils se divisent schématiquement en deux grandes catégories : personnages sereins, personnages farouches ou colériques. Les premiers se caractérisent par l'expression paisible, l'attitude calme, la coiffure bien ordonnée, les parures d'orfèvrerie, les vêtements d'étoffe ; les seconds par l'expression tourmentée (yeux exorbités ou injectés de sang, bouche grimaçante ou béante, pourvue de crocs, voire d'une langue pendante), les cheveux épars ou hérissés, les parures faites de serpents, d'ossements, de têtes coupées, les vêtements en peau de fauve. Les couleurs claires sont habituellement associées aux personnages sereins, les couleurs sombres aux personnages farouches. Selon les circonstances, une seule et même divinité peut revêtir l'un ou l'autre aspect.
Signes corporels
Les textes en décrivent de nombreux. L'on retiendra particulièrement, dans l'hindouisme, le signe frontal shivaïte composé de trois lignes blanches parallèles horizontales, le signe frontal vichnouïte en forme de V de couleur blanche, avec parfois une barre verticale rouge au centre, le troisième œil frontal horizontal du dieu Indra. Dans le bouddhisme, on notera les « marques » du Buddha (cf. qui sont détaillées à l'articlebouddhisme – Représentation du Bouddha) ; pour les bodhisattva et les déesses, l'ūrṇā, signe circulaire au milieu du front ; les marques de roues ou de fleurs de lotus sur les paumes des mains et les plantes des pieds. Dans le jaïnisme, la touffe bouclée (ou le cabochon, ou le svāstika) sur la poitrine des Tīrthaṃkara. Le troisième œil frontal vertical est commun à[...]
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Écrit par
- Raïssa BRÉGEAT : historienne de l'art et du cinéma indien
- Marie-Thérèse de MALLMANN : maitre de recherche au C.N.R.S., chargée de mission des Musées nationaux
- Rita RÉGNIER : chargée de recherche au CNRS, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
Classification
Médias
Autres références
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INDE (Arts et culture) - Les mathématiques
- Écrit par Agathe KELLER
- 5 429 mots
- 3 médias
On traitera ici des pratiques et pensées mathématiques qui ont eu cours dans le sous-continent indien – en « Asie du Sud », comme on dit communément dans les pays anglo-saxons –, puisque l’aire géographique concernée couvre tout autant l’Inde que le Pakistan, le Bangladesh, le Bhoutan et l’île de Ceylan...