INDE (Arts et culture) L'expansion de l'art indien
Les arts indianisés
Simultanément apparaissent les premiers arts, « indianisés » certes, mais pourtant déjà bien individualisés, correspondant à ces unités politiques. Au Fou-nan, c'est d'abord l'admirable sculpture hindouiste en grès de l'école du Phnom Da, très vraisemblablement liée au règne de Rudravarman (mort après 539). Lorsque les Khmers soumettront le Fou-nan, au vie siècle, ils installeront leur capitale à Sambor Prei Kuk, y élevant, dans les dernières années du vie siècle et au début du viie, les premiers temples en brique connus outre-océan Indien, qui sont parmi les plus beaux.
Au Champa, la capitale religieuse du pays, Mi-son, a été bâtie dès le ive siècle. Mais cette architecture de bois a disparu, et il faut attendre le style de Mi-son E 1, sans doute sous Prakāśadharma (vers 653-686) pour découvrir la sculpture monumentale en grès. Le Dvarāvatī – le nom apparaît au viie ou au viiie siècle –, royaume môn centré entre Nakhorn Pathom, U Thong et Chensen (Thaïlande), a produit dès le vie siècle des bouddhas en grès, qui constituent la première école de sculpture bouddhique de l'Asie du Sud-Est. Puis, au viiie siècle surtout, apparaissent des stūpa en brique, décorés de stuc ciselé de scènes fort vivantes, des plus originales, qui existaient sans doute chez les Môns de Birmanie, mais dont nous avons peu de témoignages. En tout état de cause, dans ce pays, le grand centre bouddhique de Prome, avec ses stūpa Bōbōgyi, Payama et Payagyi, s'édifie dès le viie siècle, au moins.
Succédant au Malayu, l'empire maritime de Śrīvijaya étendit son influence à partir de Palembang jusqu'à Sumatra, à la Malaisie et sur la partie occidentale de Java. Les monuments en brique, comme le Bukit Seguntung, ne semblent pas remonter au-delà du viiie siècle, mais la statuaire, notamment les superbes bronzes mahāyāniques retrouvés jusqu'à Ligor, attestent une puissance créatrice qui s'épanouira au ixe siècle. Dans la péninsule malaise, plus directement tournée vers l'Inde, mais également marquée par Śrīvijaya, la statuaire brahmanique de Takua Pa, Wieng Sa et Chaya s'échelonne de la fin du viie siècle au viiie siècle. C'est à Java, finalement, que le génie artistique indonésien va se déployer pleinement, sous la puissante dynastie des Śailendra, à partir de 752. Les premiers monuments en pierre semblent bien être ceux du plateau de Dieng : Candi Arjuno, C. Semar, C. Srikandi, échelonnés entre 650 et 730.
Désormais, les arts nationaux sont constitués et vont évoluer par eux-mêmes, pratiquement sans nouvelle influence indienne. Si, aux ive et ve siècles, on ne peut distinguer le bouddha de Dong-duong de celui de Sikendeng, au viiie l'erreur n'est plus possible entre un bouddha khmer, môn ou javanais, quels que soient leurs ancêtres communs. C'est une autre phase de l'histoire qui commence.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Bernard Philippe GROSLIER : directeur de recherche au C.N.R.S.
Classification
Médias
Autres références
-
INDE (Arts et culture) - Les mathématiques
- Écrit par Agathe KELLER
- 5 429 mots
- 3 médias
On traitera ici des pratiques et pensées mathématiques qui ont eu cours dans le sous-continent indien – en « Asie du Sud », comme on dit communément dans les pays anglo-saxons –, puisque l’aire géographique concernée couvre tout autant l’Inde que le Pakistan, le Bangladesh, le Bhoutan et l’île de Ceylan...