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INDE (Arts et culture) Les doctrines philosophiques et religieuses

L'enseignement classique : les six darśana

Les exposés indiens sur les diverses philosophies en honneur dans la contrée, tels que le Sarvadarśanasaṃgraha, « Abrégé de toutes les opinions », par Madhava, auteur du xive siècle, décrivent de nombreuses écoles de pensée sous le nom de darśana (« vues » ou « opinions »), mais six d'entre ces écoles sont classiques et leurs doctrines sont étudiées traditionnellement dans les écoles brahmaniques sans être, sauf par quelques-unes de leurs variantes, attachées plus particulièrement à des sectes définies. Ces six darśana, surtout ceux qu'on nomme Vedānta et Nyāya, font partie des programmes de l'enseignement brahmanique général, qu'on appelle ordinairement orthodoxe, quoique l'orthodoxie n'ait pas de critères unanimement acceptés. Ils font partie de cet enseignement fondamental au même titre que la grammaire et la poétique.

Les six darśana sont généralement groupés par deux. On a d'abord les deux mimāṃsā ou « investigations » : la Pūrvamīmāṃsā ou Mīmāṃsā tout court, qui est la première, et l'Uttaramīmāṃsā, « Ultime Investigation », qui est dite Vedānta ou Nigamānta, « Achèvement du Veda » ; un autre couple est formé par le Sāṃkhya et le Yoga, le dernier par le Nyāya et le Vaiśeṣika, plus étroitement associés entre eux que ne sont les autres et ayant souvent une littérature commune dite du Nyāya-Vaiśeṣika.

Les textes scolaires de base de ces six darśana sont des sūtra, c'est-à-dire des suites de brèves formules très condensées et propres à être conservées en mémoire. Le mot sūtra qui, chez les bouddhistes et les jaïna, s'applique à des textes plus longs, à des discours entiers, signifie proprement « fil ». Les sūtra brahmaniques sont formés de mots groupés, ne constituant pas nécessairement des phrases complètes. Ils sont comparés à des fils formés de brins de coton ou de soie, comme eux-mêmes le sont de mots, mais ne constituant pas un tissu. Ils s'opposent, dans le même esprit de dénomination imagée, à des textes étendus, qui sont des trames complètes, ou tantra, et existent chez les vishnouites, les shivaïtes, les bouddhistes et les jaïna, donc indépendamment des confessions diverses, mais avec un contenu analogue : celui de traités de technique religieuse ou même profane.

Les sūtra philosophiques, comme ceux de la grammaire et d'autres sciences, ne sont pas complètement intelligibles en dehors des commentaires qui les interprètent nécessairement, soit selon une tradition fixée, soit plus souvent selon plusieurs systèmes différents qui ont pu devenir traditionnels à leur tour, donnant lieu à la formation d'écoles philosophiques multiples.

La Pūrvamīmāṃsā

Les Mīmāṃsāsūtra, texte de base de l'école, sont attribués à Jaimini. Leur date est inconnue. Ils ont été commentés par Śabarasvāmin probablement au ve siècle après J.-C. Son commentaire, le Śabarabhāṣya, a été lui-même l'objet de deux gloses, une longue et une brève, par Prabhākara, et de plusieurs ouvrages d'exégèse par Kumārilabhaṭṭa : le Ślokavārttika, le Tantravārttika et la Ṭupṭīkā. Ces deux auteurs appartiennent aux viie et viiie siècles. Prabhākara paraît être l'aîné quoiqu'une tradition veuille qu'il ait été un élève de Kumārila. En tout cas, ils s'opposent entre eux sur nombre de points et sont à l'origine de deux écoles distinctes qui ont produit chacune une ample littérature. À l'école de Prabhākara a appartenu notamment Śālikanāthamiśra (vers 750) ; à celle de Kumārila, Pārthasārathimiśra (xive s.) et Āpadeva (xviie s.).

Les Mīmāṃsāsūtra traitent d'abord de la Disposition des choses (dharma) selon le Veda, puis des rapports entre la parole et le sens, de la valeur des formules[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France

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